Cette semaine, une publicité met en scène, sur l’air de «Heroes» de Bowie, une boxeuse voilée, Zeina Nassar. On voit sur une immense publicité pour Nike, une photo de la boxeuse allemande Zeina Nassar portant un hijab de sport. En dessous, cette phrase : «Du tust es nie nur für dich», c’est-à-dire : «Tu ne le fais jamais seulement pour toi», version 2019 du slogan Just do it.

Assortie d’une vidéo, cette campagne publicitaire a la particularité de s’adresser exclusivement au public germanophone, avec des sportifs allemands : outre la championne Zeina Nassar, on y trouve le basketteur en NBA Moritz Wagner, le champion paralympique de saut en longueur Léon Schäfer ou les footballeurs Giulia Gwinn ou Leroy Sané.

On imagine difficilement, par ces temps d’islamophobie, une telle publicité en France. On ferait face à un déchaînement de haine, de débats interminables de tous ces soit-disants professionnels de l’Islam, les campagnes de boycott et j’en passe.

L’Allemagne a une relation plus apaisée à la question du voile. En 2018, une célèbre marque de bonbons mettait dans l’une de ses publicités une femme portant un hijab. La chose a certes provoqué des débats, mais d’une ampleur bien inférieure à ce qui peut se passer en France.

La championne avait déjà participé à des spots célébrant les 70 ans de la Constitution allemande, où elle promeut l’article 4, selon lequel «le libre exercice du culte est garanti».

Pour résumer, en Allemagne, l’Eglise et l’Etat sont séparés, mais partenaires ; être athée peut vous faire faire des économies, car les croyants doivent payer une dîme. Le fait religieux s’enseigne à l’école.

Comme l’écrit la journaliste franco-allemande Cécile Calla dans le Temps :

La vision d’une jeune fille voilée dans un lycée, d’une éducatrice voilée dans une crèche ou d’une femme en burkini dans une piscine ne provoque pas de psychodrame national.

On aura du mal à expliquer a un allemand par quel tour de passe-passe l’agression verbale d’une femme voilée par un élu d’extrême droite a pu déboucher sur le vote au Sénat de l’interdiction du voile pour les accompagnatrices de sorties scolaires.

Mais le pays n’est pas préservé de cette «vague anti-islam», les manifestations de Pegida ou les livres du Renaud Camus allemand, Thilo Sarrazin, le montrent.

Le pays, n’a jamais voulu se considérer comme une terre d’immigration, il n’a jamais demandé à ses «travailleurs invités», ni de rester en Allemagne et encore moins de devenir allemands.

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