Plus de 222 manifestants ont été tué à Gaza depuis 2018 et un seul soldat Israélien a été inculpé.
Parmi eux, Othman Hiles, 14 ans, qui va jusqu’à la barrière et commence à grimper. Un coup de feu, il est touché à la poitrine et meurt sur place.
Une enquête est menée par Israël sur l’incident. Un an plus tard, l’armée annonce que le soldat responsable de la mort de Hiles a été reconnu coupable d’«excès de pouvoir de façon à mettre en danger la vie et la santé humaines».
Suite à une négociation de peine, il a été condamné à un mois de travail d’intérêt militaire, quatre mois avec sursis et a été rétrogradé au rang de deuxième classe.
Que s’est réellement passé au cours des réunions de l’Advocature Générale de l’Armée, lorsqu’ils ont décidé d’enquêter sur la mort de 11 manifestants palestiniens et n’ont fini par en inculper qu’un seul.
Ce qui importe ce sont les faits : Othman Hiles, âgé de 14 ans seulement, a été tué a bout portant le 13 juillet 2018.
Ce qui importe, c’est qu’il a été filmé quand il a été abattu alors qu’il escaladait la barrière.
Ce qui importe, c’est que depuis que les manifestations ont commencé, 222 manifestants ont été tués et 8000 blessés par des tirs à balles réelles.
Ce qui importe, c’est que 45 de ceux qui ont été tués étaient mineurs.
Ce qui importe, c’est que ces gens n’étaient pas armés et ne mettaient pas en danger les soldats.
L’armée a refusé de revoir ses règles d’ouverture de feu, promettant seulement de faire des enquêtes sur les «incidents exceptionnels».
À ce jour, 11 cas de ce genre ont été repérés, selon un communiqué de l’armée. Pourquoi onze ?
Certains de ces incidents ont été filmés ; d’autres, comme le meurtre de l’ambulancière Razan al-Najjar ou de l’adolescent Muhammad Ayoub, ont attiré l’attention et la critique internationale.
Est-ce la raison pour laquelle l’armée a choisi d’enquêter sur ces cas ?
Non, l’objectif principal reste de continuer à faire croire à un système de justice fonctionnel selon lequel, tuer des centaines de Palestiniens et en blesser des milliers est légitime.
C’est la raison pour laquelle ces enquêtes se concentrent toujours sur les soldats sur le terrain, jamais sur les officiers responsables, jamais sur ceux qui ont approuvé les procédures et les règles d’ouverture de feu. Les vrais responsables ne sont jamais traduits en justice ni même soumis à enquête.
L’armée ne pousse jamais très loin ses enquêtes. Elle ne recueille pas de preuves extérieures, s’appuie presque exclusivement sur les explications des soldats impliqués dans l’incident et rarement sur les explications des victimes palestiniennes.
Les dossiers sont rapidement mis au placard, par manque de preuves ou pour défaut de culpabilité.
Mais pour faire taire les critiques, parfois, une enquête aboutit vraiment à des poursuites et à une reconnaissance de culpabilité.
C’est pourquoi le soldat n’a pas été inculpé d’homicide ni même d’homicide involontaire mais d’«abus d’autorité de façon à mettre en danger la vie et la santé humaine».
Pendant ce temps, dans Gaza est soumis au blocus. Asmahan Hiles, la mère d’Othman, témoigne :
Depuis que Othman a été tué, j’ai regardé l’enregistrement à maintes reprises, en me demandant ce qu’il avait fait de si terrible. Je regarde la vidéo et je pleure toutes les larmes de mon corps. Je me demande ce qu’il a ressenti quand la balle a transpercé son corps. Est-ce qu’elle a causé beaucoup de douleur à mon petit garçon ? Comment a-t-il pu supporter la douleur de la balle quand elle l’a touché ?