Fuyant une politique répressive chinoise, les Ouighours, communauté musulmane turcophone originaire du Xianjiang (Nord-ouest de la Chine), sont des milliers à s’être réfugié dans des pays musulmans comme l’Egypte.
Désireux de mener des études de sciences islamiques, beaucoup de jeunes ouïghours se sont inscrits à la prestigieuse université d’al-Azhar au Caire. Cependant, alors qu’ils pensaient être arrivés sur une terre musulmane où ils pourraient librement pratiquer leur foi, loin des persécutions chinoises et des camps de « rééducation » où sont internés un million de personnes, ils se rendirent compte que leurs coreligionnaires égyptiens les ont aisément vendus à la Chine.
En juillet 2017, ce sont 90 ouighours, dont de nombreux étudiants d’al-Azhar qui ont été interpellés par la police chinoise. sur le sol égyptien. D’après plusieurs ONG, les étudiants ouighours arrêtés sont envoyés à Tora, une prison au sud du Caire, où sont notamment détenus de nombreux prisonniers politiques. Dans cette prison les étudiants subissent des interrogatoires notamment sur leurs familles restées au Xianjiang. Après 60 jours de détention, ils sont relâchés. Plusieurs d’entre eux ont pu quitter l’Egypte pour la Turquie.
Ces fuites vers la Turquie ont réduit le nombre de la communauté ouïghoure en Egypte. D’après le linguiste ouighour Abdulweli Ayup, la communauté ouïghoure d’Egypte qui comptait 6000 personnes ne compte plus que 50 familles. Toujours selon Abdulweli Ayup, les ouighours ont été choqués du sort que leur réservaient les autorités égyptiennes et l’ont vécu comme une trahison :
Pour les Ouïghours, c’est un cauchemar qu’un frère musulman puisse inviter des responsables chinois pour vous interroger
Pourtant, peu soucieux des questions de fraternité religieuse, le Caire préfère collaborer avec la Chine, l’un de ses plus gros investisseurs. En effet, l’Egypte compte sur la Chine pour financer ses gigantesques projets d’infrastructures au détriment de leurs frères musulmans.