Voilà le genre d’anecdote qui avait quasiment disparu de nos journaux habituels, plus enclins à noircir le tableau qu’à le polir.
Les derniers orages qui se sont abattus sur le pays en juillet dernier ont fait pas mal de dégâts, notamment rue de Javel dans le XVe arrondissement de Paris, où la mosquée s’est vite retrouvée inondée et impraticable. Privés de leur salle de prière, les fidèles ne pouvaient plus prier, du moins jusqu’au moment où Thierry Vernet, vicaire à l’église Saint-Christophe-de-Javel située rue de la Convention ne leur propose de venir dérouler leur tapis de prière dans sa salle paroissiale.
Un geste fortement apprécié par la communauté musulmane en une période où elle est malmenée de toute part.
Tous les vendredis du mois d’août, les musulmans se sont donné rendez-vous à l’église pour venir y prier à l’invitation du vicaire.
« La crypte sous l’église était disponible, assez grande et pouvait les accueillir. Ça s’est fait discrètement et naturellement. Dans ce genre de cas de figure, il y a parfois des réactions de peur. Mais je n’ai entendu aucune remarque négative. Ce sont même des paroissiens qui leurs ont ouvert la salle et les ont aidés à s’installer. On était heureux de ce lien supplémentaire avec la communauté musulmane de l’arrondissement », confie le vicaire de la paroisse Thierry Vernet au quotidien Le Parisien.
Un petit miracle qui a permis aux deux communautés de communier dans un seul et même lieu, loin des a priori et des préjugés auxquels les médias nous ont que trop habitué ces derniers temps.
Pour Mohammed Benali, le président de la mosquée rue de Javel, il s’agit d’un véritable élan de solidarité et de fraternité qui permet aux fidèles de continuer à prier en toute sérénité. Il se désole toutefois que Paris Habitat qui leur loue la salle de prière « n’a encore rien fait pour réparer » les dégâts. Mais comme un miracle n’arrive jamais seul, le rabbin de la synagogue rue George-Bernard-Shaw, Adath Shalom a proposé « de nous aider pour les travaux », se réjouit Mohammed Benali.
Et même le maire LR du XVe, Philippe Goujon se réjouit de la situation : « Je ne peux que me féliciter du dialogue inter-religieux dans mon arrondissement qui permet aux différents cultes de vivre ensemble non pas malgré leurs différences mais grâce à leurs différences », a-t-il dit satisfait par cette entente.
Lors de la célébration de l’Aïd el-Adhaau gymnase Cévennes (XVe), le rabbin, le curé et le maire avaient été conviés au festin.
« On se parle. Avec le rabbin et le curé, on est devenu une vraie famille. C’est vraiment magnifique » a déclaré ému Mohammed Benali.