Longtemps gardées sous silence, les atrocités commises contre les Rohingyas ont été enfin dévoilées au grand jour.
Il aura fallu attendre que des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants Rohingyas fuient l’horreur birmane et que des milliers d’autres soient torturés ou exécutés sommairement pour que la communauté internationale s’intéresse au conflit.

Bien que la minorité musulmane soit encore loin d’en avoir fini avec la chasse aux sorcières dont elle est victime, les voix s’élèvent ci et là pour dénoncer la politique criminelle mise en place par le régime birman. Pourtant dès 2016, le représentant de l’ONU au Bangladesh, où sont désormais réfugiés près d’un million de Rohingyas, déclare que Rangoun procède à un « nettoyage ethnique » vis-à-vis de cette minorité persécutée. Cette mise en garde n’aboutira à aucune sanction contre le Myanmar qui poursuivra ses massacres en toute impunité.

Viols, tortures, massacres et meurtres perpétrés par les soldats birmans, les témoignages des musulmans Rohingyas se succèdent dans l’indifférence durant des années.
Les exactions viennent cependant de franchir un cap dans l’horreur après les témoignages rapportés au journal anglais The Guardian par Médecins Sans Frontières.
L’ONG affirme que la moitié des personnes violées par les militaires birmans sont de jeunes enfants de moins de dix ans. Des douzaines de fillettes Rohingyas ont reçu un soutien médical et psychologique dans l’unité de santé de Kutupalong, une clinique spécialisée pour les victimes d’agression sexuelle située dans le plus grand centre de réfugiés au Bangladesh.

MSF a cependant précisé qu’une grande majorité des victimes agressées sexuellement préfèrent garder le silence à cause de la honte qu’elles ressentent après avoir été violées.
« Les femmes et les filles ne demandent souvent pas de soins médicaux pour la violence sexuelle en raison de la stigmatisation, de la honte et de la peur d’être accusées de ce qui leur est arrivé », a déclaré Aerlyn Pfeil, une sage-femme MSF spécialisée dans le soutien aux survivantes sexuelles.
Tous les témoignages concordent et font état de viols collectifs perpétrés par l’armée du Myanmar. Il est à noter que c’est la première fois qu’un si grand nombre d’enfants est ciblé. Une spécialiste médicale du centre qui a gardé l’anonymat a déclaré que les femmes et les filles âgées entre 12 et 13 ans sont rassemblées par les soldats, puis sélectionnées selon leur physique pour être enlevées et violées.
Elle se souvient d’un cas précis qui impliquait une enfant de moins de 10 ans qui présentait de graves blessures après avoir été violée par trois soldats.
Une autre femme Rohingyas raconte que les soldats ont enlevé plusieurs fillettes dont sa petite sœur.

« Ils ont torturé et violé beaucoup de filles et de femmes. Quand ils se sont arrêtés et sont partis je suis allé chercher ma sœur et j’ai vu beaucoup de corps sur le sol. Quand j’ai trouvé ma sœur, je ne savais pas si elle était vivante ou morte, mais elle respirait. Elle saignait beaucoup alors je l’ai portée à une petite rivière et l’ai lavée. Ensuite, je l’ai prise sur mes épaules jusqu’à ce que je trouve une petite clinique médicale [à Rakhine] et ai reçu des médicaments pour elle. »
Plus tard, sa sœur lui a dit qu’elle avait été violée par deux soldats et un civil bouddhiste.

Aerlyn Pfeil a été extrêmement bouleversée d’apprendre que la plupart des victimes portaient toujours les vêtements dans lesquels elles ont été violées et leur principale préoccupation était d’abord de s’en débarrasser en demandant qu’on leur fournisse d’autres vêtements.
« Quand j’ai parlé aux survivants de la violence sexuelle, l’une des demandes les plus déchirantes et les plus communes que j’ai eu est pour de nouvelles jupes en tissu, parce que des semaines plus tard, elles portent toujours les mêmes vêtements dans lesquels elles ont été violées ou agressées », a déclaré Mme Pfeil.

Selon Human Rights Watch: « L’armée birmane a clairement utilisé le viol comme l’une des méthodes horribles de nettoyage contre les Rohingyas ».

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