Une militante pro-palestinienne, détenue pendant 46 jours à la prison de Nice en France pour une publication sur les réseaux sociaux, a qualifié cette détention de « procédure politique », rapporte l’agence Anadolu.
Amira Zaiter, étudiante en soins infirmiers, a été arrêtée le 16 septembre à son domicile en raison de ses publications sur X au sujet de la situation à Gaza.
Après 46 jours de détention à Nice, Amira Zaiter, condamnée à trois ans de prison, dont un an à purger sous surveillance électronique, a été libérée le 4 novembre.
S’adressant à Anadolu, Amira Zaiter, 34 ans, a qualifié cette expérience de « procédure politique ».
Privée de tout contact pendant les 22 premiers jours de sa détention, elle a raconté s’être sentie isolée, ignorant le soutien qu’elle recevait à l’extérieur.
« Durant les 46 jours de détention, j’ai vraiment cru être toute seule en prison, seule face à la justice de Nice. Mais dès ma libération, j’ai réalisé qu’il existait un élan de solidarité national et même international envers moi et les accusations portées contre moi », a-t-elle souligné.
Elle a indiqué avoir reçu le soutien d’autres personnes poursuivies pour leur position sur la guerre d’Israël à Gaza.
Amira Zaiter a déclaré qu’elle n’aurait jamais imaginé que son « indignation sur les réseaux sociaux » pourrait « mener à une condamnation » dans « la France, un pays des droits de l’homme, où la liberté est régulièrement mise en avant, où la liberté d’expression est sans cesse invoquée ».
« Je considère avoir été traitée de manière totalement injuste, et je me sens totalement malmenée par le système judiciaire. J’ai été empêchée de parler à ma fille pendant 22 jours. Je n’ai eu droit à aucune visite durant ma détention, et mon ordinateur a été confisqué alors que l’enquête n’a rien trouvé d’incriminant. Je ressens clairement que je subis une répression politique », a-t-elle ajouté.
Sa condamnation, qui a dépassé les réquisitions du procureur (30 mois de prison, dont 18 mois avec sursis), a choqué de nombreux observateurs en raison de sa sévérité.
Sa fille Kenza craint des répercussions
Kenza, la fille de Amira Zaiter, a raconté à Anadolu combien il était difficile pour elle de supporter l’absence de sa mère.
Kenza, 12 ans, a évoqué les nombreuses fois où elle a pleuré, peinant à gérer la situation.
« Je ne comprends pas pourquoi on met quelqu’un en prison juste pour un post sur Twitter », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’elle avait été exposée à des commentaires négatifs sur sa mère.
« Cela me rend triste parce que ce n’est pas juste. J’ai passé 46 jours sans ma mère, c’était très dur car je suis proche de ma mère », a dit Kenza.
Malgré la libération de Amira Zaiter et les commentaires haineux qu’elle a subis en ligne, sa fille reste inquiète quant aux éventuelles répercussions.
« J’ai parfois peur quand ma mère sort seule. J’ai peur que des gens la reconnaissent et commencent à dire des choses mauvaises sur elle, alors j’essaie de profiter de mon temps avec ma mère parce qu’on n’a qu’une seule mère dans la vie », a souligné Kenza.
Cependant, l’impact psychologique de son incarcération et de sa condamnation n’est pas sa seule préoccupation.
Amira Zaiter interdite de son école d’infirmière
Après sa libération, Amira Zaiter a reçu une lettre de son école d’infirmière lui interdisant de suivre les cours, en attendant une décision de l’institution.
« Ils veulent m’empêcher de poursuivre mes études alors que j’ai toujours eu de bons résultats et que je ne présente aucun danger. J’espère vraiment pouvoir retourner à l’école bientôt », a-t-elle confié.
Son avocat, Maître Rafik Chekkat, qui la représente devant la Cour d’appel d’Aix-en-Provence, a déclaré que « beaucoup de choses fausses ont été dites » à son sujet.
Elle a été « harcelée, calomniée et diffamée par de nombreuses personnes et groupes qui devront répondre de leurs actes devant la justice », a ajouté l’avocat.
Amira Zaiter a été lourdement condamnée par le tribunal correctionnel de Nice pour incitation à la haine, apologie du terrorisme et apologie de crimes contre l’humanité.
Lors du procès, elle a expliqué avoir été submergée par l’émotion causée par le génocide en cours à Gaza et a exprimé son souhait de paix dans une société divisée par le conflit.