Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, n’a pas réussi la semaine dernière à censurer un film documentaire dévoilant des enregistrements secrets des interrogatoires de la police israélienne le concernant, ainsi que d’autres témoins clés, dans le cadre d’enquêtes criminelles pour des accusations de corruption, de fraude et de pots-de-vin à son encontre. Benjamin Netanyahu a été officiellement inculpé le 21 novembre 2019 pour fraude, abus de confiance et acceptation de pots-de-vin. Il est accusé de conflit d’intérêts lorsqu’il était ministre des Communications, ayant favorisé les intérêts commerciaux de ses amis en échange de cadeaux coûteux sur une période de 20 ans. Il est également accusé de fraude criminelle pour avoir utilisé son influence afin de promouvoir une législation imposant des restrictions à un média et accordant des avantages financiers importants à un concurrent, en échange d’une couverture médiatique favorable à lui et à sa famille. En raison de ces inculpations, Benjamin Netanyahu a été légalement contraint de renoncer à ses portefeuilles ministériels, à l’exception de celui de Premier ministre.
Des images d’interrogatoires de la police ont été divulguées à Alex Gibney, un producteur américain de documentaires récompensé par un Oscar et un Emmy. Il a fait appel à la réalisatrice sud-africaine et nominée aux Emmy, Alexis Bloom, pour réaliser un documentaire intitulé « The Bibi Files » afin d’exposer la corruption de Benjamin Netanyahu à l’échelle internationale. Les avocats de Netanyahu ont déposé une injonction pour empêcher les spectateurs du « Toronto International Film Festival » de voir le film avant sa projection prévue lundi dernier. Ils ont argumenté que le film était soumis à la loi israélienne sur la vie privée, bien que celle-ci ne s’applique qu’en Israël, et que la diffusion des interrogatoires de la police était illégale en vertu de cette loi. Quelques heures avant la projection, le juge Oded Shaham du tribunal de district de Jérusalem a rejeté la requête.
Après la première du film lundi et une seconde projection mardi, Alex Gibney a déclaré au public : « Des gens meurent chaque jour, et nous voulions faire une déclaration avec ce film. » Il reste à voir si le film aura un impact sur le procès criminel de Benjamin Netanyahu ou sur l’agression illégale d’Israël contre les Palestiniens. Cependant, dans le film, des personnalités israéliennes importantes, ainsi que d’anciens membres de l’équipe de Benjamin Netanyahu et un ami de longue date devenu critique, accusent Benjamin Netanyahu de corruption flagrante et allèguent qu’il n’a pas réussi à obtenir un cessez-le-feu pour des raisons personnelles. Ils suggèrent également qu’il a poursuivi des réformes controversées du système judiciaire israélien pour échapper à la justice. Plus la « guerre à Gaza » se prolonge, plus son propre procès criminel est retardé.
Le documentaire laisse entendre que Benjamin Netanyahu a abandonné la libération des otages et donné la priorité aux attaques, rejetant catégoriquement une proposition de cessez-le-feu soutenue par les États-Unis. La fin de la guerre entraînerait probablement une poursuite rapide de son procès pour fraude, abus de confiance et acceptation de pots-de-vin, ainsi qu’une enquête plus large sur la gestion de la crise des otages. Cela pourrait également provoquer l’effondrement du gouvernement de Benjamin Netanyahu et des élections anticipées.
Les enregistrements secrets présentés dans le film ne seront probablement jamais diffusés en Israël, car la loi israélienne sur la vie privée empêche leur publication, mettant en danger la source. « The Bibi Files » n’a pas encore de contrat de distribution, mais les producteurs espèrent que la projection au Festival de Toronto mènera à une distribution plus large.
Le fait que le film ait été projeté au Canada, un allié d’Israël, n’est pas négligeable et témoigne de la pression croissante du public face à la censure étatique.