Il était une fois, un Algérien aveugle devenu avocat au Canada. Son nom, Juba Sahrane.

Étant jeune, il a dû faire face à un cancer de l’œil mais l’opération pour traiter la maladie le rend aveugle et lui fait perdre l’ouïe de l’oreille gauche. Les soins prodigués en France lui permettent de survivre à son cancer.

Pour le médecin qui m’avait opéré, j’étais condamné à mourir. Mes parents ont pu obtenir in extremis un visa pour que je reçoive des soins en France. Ma mère et moi, on s’est sauvé de l’hôpital et on a quitté l’Algérie.

Une fois guéri, ils déménagent tous a Montréal, cela se passe en juin 2008, il n’a alors que 14 ans.

J’ai passé une année très difficile. Du jour au lendemain, je perdais la vue, mon autonomie et tous mes amis. Ma vie était chamboulée au complet.

Dans sa nouvelle patrie, il intègre un établissement scolaire pour personnes aveugles ou malvoyantes. En plus des cours réguliers, il a appris tout ce qui devait l’aider dans son futur quotidien.

Juba Sahrane explique :

Ce passage m’a permis de m’outiller pour me lancer dans le monde. Quand on est différent, il faut avoir une confiance à toute épreuve.

Il faut aussi accepter une certaine solitude :

Les gens sont bienveillants avec toi, mais ils ne pensent pas à toi quand ils organisent des activités. C’est la même difficulté pour rencontrer une fille. Ça a été très difficile de me faire des amis jusqu’à l’université.

Ayant d’excellentes notes, Juba fini par étudier le droit à l’Université du Québec à Montréal de 2014 à 2017.

J’ai choisi le droit parce que ça me semblait la meilleure voie pour me trouver du travail. Ce n’était pas seulement une question d’argent. Je voulais donner un sens à ma vie.

Il faut savoir que les choix d’études menant à une carrière sont plutôt limités pour les malvoyants.

Le domaine du droit est accessible aux non-voyants, surtout dans les grandes organisations où tout est informatisé. La difficulté, c’est de convaincre les employeurs de te donner une chance.

Juba Sahrane finit par travailler quelques mois chez Bombardier. Il effectue ensuite un stage à l’Organisation internationale du travail,

J’ai fait de ma déficience une force. À Genève, les gens avaient tendance à venir vers moi pour me prêter leur bras. En discutant avec eux, ils m’invitaient à prendre un café. De fil en aiguille, le café devenait un lunch, le lunch un souper, le souper un réseau. À la fin de mon stage, presque tout le personnel me connaissait et la directrice de mon unité me confiait des missions de plus en plus importantes en raison de ma « notoriété ».

Actuellement ; Juba a commencé une maîtrise en droit international et en politique internationale appliquée à l’Université de Sherbrooke. Cette maîtrise a été rendue possible grâce à une bourse canadienne encourageant les étudiants aveugles ou malvoyants à poursuivre des études de deuxième cycle.

Je pense que notre communauté doit prendre sa place comme l’ont fait les femmes au 20e siècle. Pour réussir, il faut que nous nous battions pour occuper les plus hautes fonctions dans la société. Pourquoi pas un juge, un dirigeant d’entreprise ou un ministre aveugle ? On est capable de faire tout ça.

Une belle et inspirante histoire !

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