Vous l’aurez très certainement remarqué, entre les images qui défilent sur votre petit écran de télévision à l’heure du JT et celles de la parabole, un monde de différence.
Sur les unes nous sont montrés les exactions commises par les Palestiniens, toujours présentés comme les «terroristes» qui s’attaqueraient “lâchement” aux éternelles victimes israéliennes, de préférence militaires qui par miracle s’en sortent toujours indemnes contrairement à l’agresseur.
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Les victimes chrétiennes d’une Syrie en proie à la guerre font la Une de la presse et des journaux télévisées, à croire que les victimes musulmanes n’existent pas. Mais alors à qui appartiennent ces corps déchiquetés et mutilés d’enfants, de femmes et d’hommes syriens que nous montrent les chaînes arabes comme Arabiya, Al-Jazeera ou Syria TV ?
Des corps volontairement occultés par vos chaînes françaises et internationales car ils font partie de ces victimes collatérales mortes sous les bombes de la coalition occidentale, des images que vous ne verrez jamais.
Une situation que le sociologue et écrivain néerlandais Mohammed Benzakour a tenu à dénoncer. Dans le quotidien néerlandais NRC Handelsblad, le musulman raconte comment il a tenu à analyser lui-même les événements plutôt que de recourir aux pseudo-experts médiatisés censés nous éclairer sur le sujet.
Désireux d’avoir une vision plus objective de la réalité, il décide de descendre dans la rue, là où vivent ceux qui sont pointés du doigt après chaque nouvelle tragédie, ceux qui sont présentés comme de parfaits coupables. Et là il découvre l’autre visage de la guerre syrienne, il reste choqué par toute l’horreur des images diffusées par les chaînes arabes dans des établissements publics des quartiers de Molenbeek et de Borgerhout.
« J’espérais que, de retour chez moi, je comprendrais le monde un peu plus qu’avant » écrit-il. « J’ai bu du café libanais, j’ai lu des journaux arabes, (…). Même si je n’ai pas vu de traces de Saint-Nicolas ou de décorations de Noël dans les étalages, l’atmosphère était joyeuse. J’ai bavardé avec plein d’habitants du quartier, des propriétaires de café, des habitués, des commerçants, (…) des Marocains, des Syriens, des Afghans et des Irakiens de tout poil » dit-il.
Il en a surtout profité pour s’offrir une orgie d’images d’Al-Jazeera, Syria TV, Al Arabiya, Al Sharqiya, Al Alam News Channel, autant de chaînes et autant d’informations sur la Syrie et les bombes larguées sur Raqqa, sur la Palestine et les exactions irakiennes et afghanes, toutes plus horribles les unes que les autres.
« J’ai vu des quartiers entiers et des hôpitaux en cendres, des corps carbonisés, des marchés transformés en mares de sang, ici et là un bras, une jambe encore entourée d’un lambeau de pantalon, des femmes avec un bébé mort dans les bras qui s’effondrent en pleurant, des petits enfants en larmes à la recherche de leur mère dans les décombres ».
Il aura fallu que Mohammed Benzakour passe par ces quartiers pour se rendre compte de l’étendue des ravages qui vont bien au-delà de ce qui est montré en Occident. Les drones et bombes larguées par les américains, les français et les britanniques sur «les terroristes» et les «objectifs de l’EI» ont surtout tué des civils dans le silence complice des médias. Une situation qui indigne tous ces musulmans qui regardent muets face à l’abjection.
« Pourquoi ? C’est très simple : parce que ces peuples martyrisés qu’on voit à la télévision ont les mêmes cheveux frisés, les mêmes yeux sombres, parlent la même langue ou qui présente les mêmes sonorités, s’adressent au même Dieu. Parce que cette femme avec cet enfant mort sur les genoux ressemble fort à leur sœur, leur fille, leur mère » déplore-t-il.
Une guerre au goût aseptisé sans cadavres déchiquetés, ni enfants mutilés, voilà la version occidentale. Le sociologue interrogé par le quotidien De Standaard fourni une explication qui fera peut-être réfléchir certains.
« Enrôleurs, lectures djihadistes ronflantes, imams qui prêchent la haine, kalachnikovs, gilets explosifs, ce sont sans aucun doute des choses laides qu’il faut résolument combattre. Mais les choses laides sont engendrées par un monde laid » fini-t-il par conclure avec clairvoyance.