L’Arabie saoudite, berceau de l’islam, officiellement la seule loi au pouvoir est la charia, la loi musulmane. Aux détracteurs qui parlent de constitution, les dirigeants saoudiens répondent en chœur « Notre constitution c’est le Coran ». Mais qu’en est-il sur le terrain d’un point de vue économique et financier ?
Dans quelques jours, la banque la plus importante dans le monde arabe et deuxième au niveau mondial, devrait fêter son entrée en Bourse de la National Commercial Bank (NCB). Il s’agira de la première introduction en bourse d’une banque saoudienne, qui devrait émettre pour 6 milliards de dollars d’actions (4,7 milliards d’euros).
Cependant, en tant que pays représentatif de l’Islam, cette future entrée en bourse, provoque déjà pas mal de remous. Les oulémas du Royaume (théologiens de l’Islam), sont furieux ! A tel point, que le Cheikh Abdullah al Moutlak, membre du conseil des grands oulémas, la plus haute autorité religieuse du pays, est monté au créneau, pour dénoncer cette impiété manifeste.
Son intervention sur la chaîne publique est assez singulière, mais explique la gravité du sacrilège. Dans son allocution, il exhorte, les actionnaires potentiels, à ne pas mener à terme cette entreprise, car il s’agit ni plus ni moins, d’une violation flagrante des principes de l’Islam. « La religion est au-dessus de tout ! » déclare-t-il (selon l’agence Reuters).
Cette polémique au sein du royaume, pousse la banque, mise au pilori, à s’accorder cinq années pour opérer la transformation, attendue par les oulémas.
Elle devra passer de banque hybride, qui applique d’un côté les principes conformes à la charia et de l’autre, les conventions bancaires traditionnelles occidentales, à une banque totalement pliée aux préceptes islamiques.
Néanmoins, les opérations effectuées par la banque, sont déjà, en grande partie, conformes aux lois de l’Islam, ce qui, pensent les analystes, n’aura aucun ou peu d’impact sur les investisseurs. Jusqu’à présent, les actions de la plus grande entreprise mondiale saoudienne pétrochimique SABIC tout comme la bourse saoudienne étaient réservées aux seuls citoyens du royaume et quelques pays arabes amis, mais d’ici quelques mois, la situation va changer.
D’après le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, sur le conseil de l’agence Bloomberg, l’Arabie saoudite procédera, dans le premier semestre 2015, à la libération de son marché des titres qui devrait s’ouvrir aux investisseurs occidentaux.
Rappelons que la bourse saoudienne pèse près de 590 milliards de dollars.
Cette libération boursière pourrait permettre, au-delà du marché des titres, l’ouverture économique aux capitaux étrangers et ainsi adoucir sa dépendance pétrolière en diversifiant ses activités et ses partenaires.
Peut-être que nous assisterons, alors, à une chute des prix du baril de pétrole et donc des carburants …