Privé d’une subvention, il ne peut plus à 80 ans acheter de couches pour sa femme: «Je me sens indigne»

Les médecins généralistes ne soignent pas seulement les douleurs physiques, ils endossent souvent le rôle de thérapeutes pour leurs patients.
Baptiste Beaulieu est médecin généraliste et écrivain. Sur sa page Facebook, sobrement intitulée “Alors Voilà”, il partage son quotidien, ses coups de gueule, mais aussi des petites anecdotes et autres rencontres, souvent touchantes, liées à son métier.

Ce 24 octobre, Baptiste Beaulieu publie un texte qui fait référence à la pathétique affaire de Jean-François Copé et son opinion du pain au chocolat à 15 centimes.
L’homme qui se décrit comme un étudiant en Humanité débute sa rédaction par « Coucou Jean-François Copé, l’homme qui pensait qu’un pain au chocolat coûte 15 centimes ! ».
Puis, il relate la rencontre avec un vieil homme de 80 ans venu à son cabinet pour consulter. Après une longue discussion le patient âgé confie à son médecin la triste misère dans laquelle il vit avec sa femme: des fins de mois très difficiles, des aides supprimées pourtant si nécessaires à la pérennisation d’un semblant de bien-être quotidien…

Un récit affligeant qui touche le médecin en larmes devant ce triste homme qui triture « un trou dans sa veste », en lui racontant qu’il « touchait une aide spéciale pour les changes de son épouse, mais le gouvernement l’a supprimée. Alors il se débrouille : il met des chiffons dans la culotte, qu’il nettoie ensuite. Mais ce n’est pas efficace comme des vraies couches ».
Le vieil homme honteux de la manière dont il est obligé de traiter sa femme termine en disant: « Je me sens indigne. »
« Après le départ de son patient, le médecin prend conscience de l’inégalité du partage des biens dans une société où les pauvres ne reçoivent aucune aide alors que les plus riches continuent à s’enrichir sans scrupule:
Je surfe sur le net en attendant. Tombe sur des articles qui parlent voyage ministériel à 14 000 € pour un “match de foot à Berlin” (coucou Manuel Valls), note de taxi à 400 000 € pour une responsable culturelle (coucou Agnès Saal).
Ça se gave bien, en haut lieu, ça se gave bien. Et la voix du vieux revient, elle résonne entre les 4 murs du cabinet, elle chevrote: “Je me sens indigne.” »