L’excès de zèle marocain se met au diapason de nos contrées occidentales. Il y a quelques semaines, nous relations la mésaventure d’un homme, lors du tournage de la 5ème volet de Mission impossible, qui avait voulu offrir un coran à Tom Cruise, présent à Casablanca pour l’occasion.
L’homme fût assailli par les policiers marocains et interrogé pendant plusieurs heures pour connaître les raisons de son acte.

Aujourd’hui, c’est au tour d’un autre jeune homme, venu passer ses vacances au pays, de se retrouver pris dans l’engrenage de la justice.
Depuis le 22 août dernier, Abdelmalik El Makrini, un Lambersartois (région de Lille) est détenu dans les geôles marocaines. Cette situation, il la doit à un geste qui semble à priori innocent. Lors du mariage d’une cousine, Abdelmalik, pour probablement fêter l’événement, hisse le drapeau noir du tawahid sur le toit familial.
Jusque là, rien de grave, mais ce qui a incité la police à interpréter le geste comme un « acte d’apologie du terrorisme », c’est que le drapeau en question présente une calligraphie blanche sur fond noir, qui rappelle l’emblème de Daesh.

Dès lors, l’affaire se complique pour le jeune homme. Le Maroc a été la cible à plusieurs reprises d’attentats, ce qui le rend très sensible sur le sujet.
Les forces de l’ordre prennent d’assaut la maison familiale, en l’absence de Abdelmalik, mais à son retour, il ne nie pas les faits.
Sa sœur témoigne: « il a été emmené au poste de police, puis conduit dès la nuit suivante à Casablanca (à 550 km de là) dans les locaux de la police anti-terroriste. Abdelmalik ne connaît pas l’arabe. Et d’après lui, aucun des policiers qui l’ont interrogé ne parlait français. Ce qui explique qu’il a signé un PV (juste parce qu’on lui a dit que comme ça, il sortirait plus vite) dans lequel il avouerait faire l’apologie du terrorisme. ».
Bien sûr, il ne se rend compte de son erreur qu’une fois son PV traduit et que son avocat lui en donne les explications.

Pour la famille du jeune Lambersartois, il n’est nullement question de terrorisme, mais d’une malheureuse méprise. « Tout ce que voulait mon frère, c’était afficher fièrement son appartenance à l’Islam dans le pays d’origine de ses parents… »; clame sa sœur Karima.
Après avoir passé 12 jours en garde à vue (délai prévu par la loi marocaine en matière de terrorisme), il a été transféré dans un centre de détention pour jeunes à Salé (Rabat).

Abdelmalik Al Makrini, est soutenu par sa famille qui s’est installée non loin de lui en attendant l’évolution de la situation. Le consul général de France au Maroc lui a rendu visite et suit l’affaire de près.
Plusieurs témoignages sont venus étayer la thèse selon laquelle il s’agirait bel et bien d’une maladresse, comme le souligne Abdelhalim Sayoud, président de l’association d’entraide du Pacot-Vandracq.
Les témoignages font état de la « bonne moralité » du jeune homme.
« Je suis sûr qu’il a hissé ce drapeau en signe d’appartenance à la communauté musulmane. Il est aussi fan du Barça : il aurait pu tout aussi bien brandir un drapeau du Barça ! OK, ce qu’il a fait, c’est maladroit. Mais Malik est en fait victime de la peur qu’a le gouvernement marocain – légitime, d’ailleurs – d’une émergence de groupes islamistes »; ajoute M. Sayaoud.

Un groupe de soutien sur Facebook «Justice pour Abdelmalik» a été créé par l’une de ses sœurs.

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