Un épisode de la Seconde Guerre mondiale qui est resté méconnu jusqu’à présent: celui des imams qui ont sauvé des juifs.
C’est dans une valise que Mohamed Mesli a découvert, il y a quatre ans, l’incroyable vie que menait son père, Abdelkader Mesli. A la mort de celui-ci en 1960, Mohamed avait à peine dix ans. « Il y a des carnets, beaucoup de textes en arabe. Après la découverte de ces documents, j’ai pris la mesure de la personne qu’était mon père », déclare avec fierté Mohamed Mesli.
Abdelkader Mesli était un orphelin d’origine algérienne. Arrivé à 17 ans à Marseille, il travaillait en tant que docker et charpentier, puis mineur en Belgique. Dans les années 1930, il est l’un des cinq imams de la mosquée de Paris.
Pendant l’occupation allemande, dès 1940, les juifs sont contraints de fuir ou de se cacher. La mosquée de Paris devient alors un refuge pour certains juifs séfarades. Abdelkader Mesli en abritait quelques-uns, délivrait des certificats de religion musulmane à d’autres ainsi que des tickets de rationnement à des familles.
« Mon père a participé à cette forme de résistance », explique Mohamed Mesli.
En juillet 1944, Abdelkader Mesli est dénoncé à la Gestapo, torturé puis déporté, sans pour autant divulguer les noms des membres de son réseau. Libéré du camp de Dachau en mai 1945, il sera à la tête de la mosquée de Bobigny vers les années 1950.