« Quartiers sensibles : le vrai visage des nouveaux ghettos », autant dire qu’M6 promettait gros dans l’émission Zone Interdite, présentée par Wendy Bouchard.
Mais que dire du flop qu’a provoqué sa diffusion ce dimanche 12 avril : 9% de part de marché, il n y a pas à s’en féliciter. Une très faible audience qui tranche avec la forte visibilité dont l’émission a été l’objet sur les réseaux sociaux: les téléspectateurs sont en colère et se sont empressé de le faire savoir.
« Quand est-ce que vous faites un reportage sur les jeunes qui réussissent? Qui ont leurs propres sociétés etc ? », a fustigé un internaute sur Twitter.
Aziz Senni, entrepreneur en banlieue, a réagi à son tour : « La banlieue qui bosse, qui se bat, qui éduque, qui travaille, qui rêve, ne vous remercie pas ce soir … ».
Même Laurence Parisot, l’ex-présidente du Medef a tenu à exprimer son coup de gueule : « Lamentable le reportage de #ZoneInterdite. Préjugés et poncifs. »
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Bilan du programme : une supposée enquête lamentable et de mauvais goût, accusée de faire l’apologie d’un racisme et d’une islamophobie décomplexée.
L’émission a pris sa planche pour surfer sur les vagues du cliché abondant. En première partie de l’émission, les journalistes, caméras posées à Roubaix, ont vite abordé le sujet d’un « Islam » à leur manière.
Ces pseudo-journalistes dressent le portrait d’un boucher qui explique ne recruter que des musulmans dans sa boucherie halal, s’en est suivi d’un couple de convertis qui a décidé de placer ses enfants dans une école musulmane. Le but : illustrer de part ces exemples, un « repli communautaire ».
Dans la seconde partie, ce sont des dealers qui surviennent. Aucun mot sur le parcours d’habitants et qui travaillent dur ou réussissent, rien. “Zone Interdite” étant sans doute trop occupée à renvoyer une image déplorable des banlieues, pour ne pas dire abominable.
Sur Rue 89, Matthias Quiviger, le fixeur chargé de trouver des familles à Evreux (Eure) a livré des informations chocs concernant la boite de production, sujet au départ à réaliser un documentaire positif.
Ceci était sans compter un retournement de situation des plus flagrants. « Une boîte de production (Giraf Prod, ndlr) qui voulait soi-disant réaliser un reportage positif sur la banlieue, loin des clichés sur les islamistes et les dealers, m’a approché. Je l’ai aidée mais à la fin du tournage, elle a trouvé qu’il fallait pimenter, parce que ça ne fonctionnait pas. Ça manquait de “religion” et de “deal”. Elle a alors décidé de tourner d’autres séquences… », raconte-t-il.
Selon lui, l’objectif du documentaire était assez ambigu, et ce dès le départ : « J’essayais de lui ramener des personnes qui ont réussi ou qui galèrent, mais qui s’en sortent quand même. Ça ne lui allait pas. En réalité, elle voulait des barbus, des djellabas, des musulmans qui font la prière, des dealers… Ça s’est très mal passé avec elle (…). Elle avait menti sur ses intentions. » Elle, c’est Géraldine Levasseur, une cadre de Giraf Prod.
Pire encore, il fustige la réalisatrice d’avoir soudoyé des jeunes pour avoir de belles séquences croustillantes: « Après les témoignages qu’elle a recueillis quand j’étais avec elle, elle n’était pas satisfaite. Elle y est retournée, seule. Elle a donné environ 250 euros à des jeunes pour qu’ils la laissent filmer des points de deals et qu’ils répondent à ses questions très orientées ».
La réalisatrice tente de se défendre par tous les moyens : « Je ne les ai jamais payés pour qu’ils me parlent. Jamais. Je leur ai simplement donné un peu d’argent pour qu’ils achètent des gâteaux et des bonbons aux enfants du quartier qui étaient autour de nous ». 250 euros : voilà une somme bien généreuse pour quelques confiseries…
Matthias Quiviger a également annoncé son intention de porter plainte contre l’émission, qui est bien loin d’avoir présenté la réalité. Un gros coup dur pour Zone Interdite, enfin démasquée.