C’est en ces termes qu’ un directeur d’agence Immobilière s’est adressé à son employée lors de sa première journée de travail .
Deux agents immobiliers, un père et son fils de Palaiseau dans l’Essonne , ont été condamnés mercredi 6 février 2019 par le Tribunal correctionnel d’Evry pour des faits datant de 2006.
Une courageuse employée de leur agence, choquée, avait dénoncé les faits. Les deux racistes refusaient de louer des biens à des personnes à cause de leur couleur de peau, l’employée avait réussi à piéger ces derniers avec une caméra cachée diffusée dans l’émission «pièces à conviction sur France 2».
Appelée à la barre, une des plaignantes qui espérait obtenir une location déclare :
Je n’ai jamais pensé dans ma vie que des choses comme cela pouvaient exister, en s’adressant aux prévenus qui la regardent à peine :
J’aimerais savoir pourquoi vous faites des catégories : “Noirs, Arabes, Asiatiques”. On est quoi ? On n’est pas des personnes humaines ?
Très émue, cette dernière tire d’une pochette le document attestant de la Légion d’honneur de son père, qui a fait la guerre 39-45. Le fils répond qu’elle n’avait pas les garanties financières, ce qu’elle conteste formellement.
Ce procès est «essentiel»
, martèle la procureure, déplorant qu’il se tienne tant de temps après les faits (13 ans ). Après deux non-lieux et des magistrats et enquêteurs qui ont “peut-être manqué de courage”. Pour elle, pas de doute : “le seul élément [justifiant le refus] était la couleur de peau”. Mais le racisme ordinaire “ne peut pas rester constamment impuni” A-t-elle clamé avant de requérir à l’encontre des prévenus, 8 mois de prison avec sursis et la publication de la condamnation à leurs frais dans un quotidien national. Un autre salarié de l’agence avait déclaré que son patron lui avait demandé de refuser de louer des appartements aux Asiatiques « car ils s’y mettent à 15 », et de ne pas donner suite à ceux qui avaient des accents étrangers au téléphone. L’avocat des prévenus, Pierre-Philippe Franc, estime que ses clients sont « des sortes de bouc émissaires ». Aucun élément concret ne démontre que le refus [a été motivé] en raison de la race ou l’origine de la personne. Il y a au moins un sérieux doute, et le doute profite au plaignant, ajoute-t-il, plaidant la relaxe Le père et le fils ont été condamnés respectivement à 4 et 2 mois de prison avec sursis. A l’issue de leur procès, le magistrat leur a demandé s’ils avaient quelque chose à ajouter, ils ont prétendu : « qu’ils n’étaient pas racistes ! »
Elle poursuit son réquisitoire en ajoutant :