Porté en héros, Cédric Herrou n’en espérait pas tant. L’agriculteur de 37 ans comparaissait mercredi devant le tribunal correctionnel de Nice pour avoir aidé des migrants à pénétrer en France, un sacrilège aux yeux de la loi.
D’autant plus que rien n’est laissé au hasard pour se débarrasser de ces exilés décidément bien encombrants.
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Traîné devant la justice comme un vulgaire malfrat, Cédric Herrou n’en reste pas moins un héros aux yeux des centaines de citoyens venus le soutenir ce mercredi-là, face à un imposant dispositif de sécurité. Des banderoles proclamant: « Les frontières sont les cicatrices de la Terre » ou « Tous solidaires » étaient déployées devant le tribunal.
« Quand vous voyez des familles avec des bébés, des mineurs dans les rues, en situation d’hypervulnérabilité face aux réseaux en tous genres, vous faites quoi ? Vous passez votre chemin ? » a-t-il déclaré pour sa défense.
Car depuis l’instauration de l’état d’urgence, la sécurité s’est considérablement renforcée aux frontières et la zone de la vallée de la Roya est devenue un passage obligé pour les réfugiés qui s’y aventurent en prenant d’énormes risques.
Un danger que Cédric a décidé de braver en tendant la main aux centaines d’exilés, si au début il se contentait de les diriger en lieu sûr, il a fini par les prendre en main en les installant dans une colonie de vacances désaffectée non loin d’une gare SNCF.
Patron d’une exploitation produisant des olives et des œufs à Breil-sur-Roya non loin de la zone de transit transformée en impasse, il ne pouvait fermer les yeux face à tant de désespoir.
« Ce que je fais n’est pas un sacrifice, c’est un honneur » a-t-il lancé aux journalistes. « Notre rôle, c’est d’aider les gens à surmonter les dangers, et le danger, c’est cette frontière qui été établie au nom du terrorisme ».
Cédric Herrou ne comprend pas pourquoi il doit se justifier, d’autant plus que si quelqu’un mérite de rendre des comptes c’est, selon lui, le représentant de l’Etat qui devrait « lui aussi se justifier sur les milliers de mineurs reconduits à la frontière ».
Cédric Herrou a été condamné à huit mois de prison avec sursis pour avoir apporté son soutien à des gens en détresse.