Face à la crise sanitaire sans précédent, le Maroc a fait le choix strict de fermer ses frontières terrestres, maritimes et aériennes laissant de nombreux Marocains bloqués à l’étranger. Des dizaines de Marocains se sont rassemblés devant leur consulat à Paris, Bruxelles, Algésiras ou Amsterdam, bravant les états d’urgence pour réclamer un rapatriement des 28 789 ressortissants du royaume chérifien bloqués à l’étranger, rapporte Le Monde.

Devant le consulat du Maroc à Istanbul, un citoyen brandit son passeport, les mains tremblantes. « Faut-il entamer une grève de la faim pour qu’enfin ils se soucient de nous ?, s’emporte l’homme d’une soixantaine d’années. On veut rentrer chez nous. »

Nadine Benkirane n’y croit plus. Arrivée en France le 11 mars pour que son bébé de 1 an, gravement malade, y subisse une opération du cœur, la jeune maman vit un calvaire : « Ma fille nécessite un suivi médical lourd qui avait débuté au Maroc. Il est difficile de tout recommencer à zéro ici. Ça me tue de laisser ma fille s’enfoncer sans pouvoir rien faire. »

« Nous travaillons sept jours sur sept afin d’accompagner nos concitoyens marocains au cas par cas, quel qu’en soit le coût », assure Mohamed Basri, directeur des affaires consulaires et sociales au ministère des affaires étrangères, à Rabat, où une cellule de crise a été constituée : « Nous avons pris en charge la restauration, les frais médicaux et surtout l’hébergement, ce qui est un exploit alors que la plupart des hôtels sont fermés. Nous avons même assuré un suivi psychologique pour les cas sensibles. »

Comme pour cette Marocaine de 52 ans coincée à Strasbourg et atteinte d’un cancer du poumon qui nécessite des séances de chimiothérapie. « Ma mère a déjà raté deux séances, c’est très grave. Jusqu’à présent, le consulat m’a demandé de m’adresser à mon assurance au Maroc, avant d’accepter enfin la prise en charge il y a quelques jours », témoigne son fils, Abdellah Ismaili Alaoui, à qui elle était venue rendre visite.

« Certains consulats restent injoignables », affirme aussi le bureau parisien de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), qui dénonce un traitement inéquitable des ressortissants bloqués : « Plusieurs personnes malades et âgées sont toujours livrées à elles-mêmes. »

« Ces gens ont l’impression qu’ils ne rentreront jamais dans leur pays. C’est le problème depuis le début : il n’y a pas de visibilité. L’Etat se doit de fixer une date de retour, quitte à revenir dessus si les conditions sanitaires ne le permettent pas, insiste Omar Balafrej, député de la Fédération de la gauche démocratique (FGD). J’ai l’impression qu’ils ont peur d’annoncer une date qu’ils ne pourront pas tenir. C’est lié à la relation de confiance entre l’Etat et les citoyens au Maroc. »

« Dès que la décision d’ouvrir les frontières sera prise, ils rentreront », a déclaré le chef du gouvernement, Saadeddine El Othmani, dans une interview à la télévision publique le 7 mai.

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