Médiapart a publié une enquête sur des accusations d’agressions sexuelles à l’encontre d’Eric Zemmour. Après Gaëlle Lenfant, élue d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), plusieurs journalistes et employées dans des médias relatent des faits de sexisme et d’agressions sexuelles à leur tour.
Aurore Van Opstal, journaliste et autrice belge, avait témoigné sur Twitter en soutien à Gaëlle Lenfant. « Si je parle aujourd’hui, c’est aussi parce que les féministes nous ont appris que le privé est aussi politique », a-t-elle indiqué au média d’investigation. « Il m’a caressé la cuisse jusqu’à l’entrejambe sous la table du café parisien où nous étions », avait-elle confié sur le réseau social. Elle a ajouté auprès de Médiapart avoir été « tétanisée » par la scène.
«Il a fait comme ça deux allers-retours. J’étais tétanisée, sous le choc, je ne comprenais pas ce qu’il se passait, je le connaissais depuis trois minutes. Il avait 60 ans, j’en avais 29», explique-t-elle à Mediapart. D’après la journaliste, il l’aurait «regardée», en lui disant «discrètement “je peux”» et il aurait «continué à [la] caresser en répondant à [son] père». «Le “je peux” est arrivé beaucoup trop tard et de toute façon je n’ai rien su dire», assure Aurore Van Opstal.
Une autre femme témoigne sous couvert de l’anonymat : «Il m’a demandé de le remercier autrement, s’est penché et m’a embrassé [e]. Il a mis sa langue et tout ! Je l’ai repoussé encore mais pas assez franchement. Quand nous sommes sortis du café, il m’a réembrassée et je me suis laissée faire. […] Quel goujat ! C’est incroyable d’être comme ça. Pour qui se prend-il ? […] Moi, je me dégoûte, je me trouve trop débile d’avoir cédé à ses avances. […] J’étais paniquée quand je suis rentrée.» C’est dans son journal intime qu’Anne* raconte les détails de sa rencontre avec ce «super journaliste» dans un café parisien. Révélé par Mediapart, ce témoignage s’ajoute aux souvenirs douloureux de plusieurs femmes, journalistes ou évoluant dans des rédactions, ayant côtoyé Eric Zemmour.
Une maquilleuse, 26 ans alors, se souvient aussi s’être retrouvée seule en loge avec le journaliste. D’après son récit, après le maquillage, il se serait levé, l’aurait «plaquée contre le mur», «une main sur [son] bras et l’autre au-dessus du sein, près de l’aisselle», et lui aurait dit : «Mais tu comprends pas que j’ai envie de bai*** avec toi.» Il lui aurait alors «sorti sa carte de visite» en ajoutant : «Appelle-moi, il faut qu’on se voie, je peux te faire bosser.» «J’ai été tellement surprise que je ne l’ai même pas giflé ou insulté, je l’ai juste repoussé en disant : “Non mais ça va pas”. Il a bien vu sur mon visage que je ne m’attendais pas à ça. Il n’a pas du tout insisté», affirme-t-elle.
Choquées, mais pas surprises. Telle était la réaction d’un grand nombre d’associations et militantes féministes ces derniers jours, face aux accusations d’agressions sexuelles dont fait l’objet le polémiste de CNews et du Figaro, Eric Zemmour. Il s’était plusieurs fois illustré pour des propos misogynes, notamment sur le fait que les femmes ne pourraient pas incarner le pouvoir. Les témoignages à son encontre font état de baisers forcés, de caresses non-consenties et de paroles à connotation sexuelle.
Contacté par Mediapart, Eric Zemmour n’a pas souhaité répondre aux questions du journal d’investigation en ligne.