Le Takbir instrumentalisé par les terroristes mais aussi par les médias, s’est transformé au fil du temps en marque déposée censée authentifier toutes les actions terroristes menées à travers le monde, du moins celles qui portent le sceau de l’ «Islam» ou prétendu tel.
Une vraie aubaine pour les médias qui peuvent à satiété déverser leur islamophobie en toute quiétude.
Ainsi lorsque le 15 septembre dernier, un individu s’attaque à deux femmes à coups de marteau dans les rues de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) au cri de «Allah Akbar», aussitôt le parquet anti-terroriste est sur le pied de guerre.
Le 26 septembre rebelote, trois personnes sont une nouvelle fois victimes du fou au marteau dans les environs de l’université de Dijon. Mais l’absence de cri perturbe les enquêteurs qui se demandent si les deux affaires sont liées ?
Puis le 2 novembre dernier les rédactions du Bien public et du Journal de Saône-et-Loire reçoivent un enregistrement audio revendiquant les attaques au marteau.
Une revendication qui jette un sérieux doute sur la thèse de l’attentat terroriste. Dans cette nouvelle affaire, de musulman il est bien question mais pas de la manière espérée.
La revendication émane d’un groupuscule d’extrême-droite, le “commando de défense du peuple et de la patrie française (CDPPF)” qui dit avoir perpétré les deux attentats sous faux drapeau, laissant croire qu’il s’agissait d’un acte terroriste «islamiste» selon la formule consacrée.
Le commando dit admirer Anders Behring Breivik, auteur du massacre de 77 personnes en Norvège en 2011 et auquel les mouvements d’extrême-droite vouent un véritable culte .
Les islamophobes «au marteau» affirment être derrière les agressions commises à Dijon et à Chalon-sur-Saône. Ils prétendent vouloir « lutter contre l’islamisation de la France ». Si les premières attaques ont ciblé des personnes d’origine européenne, la dernière a par contre visé une femme voilée et un homme d’origine africaine.
Malgré les nombreux témoignages affirmant que l’individu était de « race blanche », détail jugé sans intérêt par les médias qui ont préféré parler d’une « Attaque au marteau au cri d’Allah akbar », un titre beaucoup plus vendeur.
Le commando affirme dans son message audio avoir ciblé l’université de Bourgogne car elle est un des « symboles du multiculturalisme ». Il ajoute que les victimes ont été choisies pour leur couleur de peau, tout en regrettant que l’ «agent» et ce « malgré tout son sang-froid et sa bonne volonté », n’a pas « pu faire mieux que les blesser légèrement. »
Nous apprenons des extrémistes dans un autre message adressé vendredi aux mêmes journaux que les victimes européennes ont « servi de cibles humaines pour nos entraînements ». Une sorte de « mise à l’épreuve pour notre homme et un test de nos techniques de fuite en milieu urbain densément peuplé et sécurisé ». Et si l’agresseur a crié «Allah Akbar», c’était pour « aiguiller les enquêteurs sur une fausse piste ».
Le groupe qui serait composé de quatre personnes, localisées en Bourgogne Franche-Comté promet d’autres actions à venir.
Alors que la piste terroriste est systématiquement retenue lorsque l’auteur est Arabe ou “musulman”, la situation diffère lorsqu’il n’est ni l’un ni l’autre. Le procureur de la République, Eric Mathais estime qu’il est trop tôt pour juger de l’authenticité de cette revendication sur laquelle il émet de sérieux doutes. Il explique qu’une « enquête précise est en cours et va continuer pour savoir s’il s’agit ou non d’une revendication fantaisiste ».
Un moment de réflexion s’impose après cette attaque dont on s’est empressé de décrire comme terroriste.