Une enquête pour apologie du terrorisme visant deux collégiens de 12 ans a été ouverte à Strasbourg après des incidents survenus lundi lors de l’hommage au professeur assassiné Samuel Paty, a appris l’AFP auprès du parquet.
Âgés tous deux de 12 ans, les adolescents auraient pris des « positions apologiques », en laissant clairement entendre que Samuel Paty avait mérité d’être décapité parce qu’il avait montré à ses élèves une caricature, a précisé une source judiciaire. La Direction interrégionale de la police judiciaire de Strasbourg est chargée des investigations.
Deux autres événements ont été remontés par le rectorat au parquet de Strasbourg, survenus cette fois dans deux écoles élémentaires publiques de l’EMS. Étant donné le très jeune âge des deux garçons concernés, respectivement 8 et 9 ans, les services du Conseil départemental du Bas-Rhin réaliseront une évaluation sociale suite aux deux signalements, précise Les Dernières Nouvelles d’Alsace.
De nombreux signalements
Depuis l’assassinat de Samuel Paty, 66 enquêtes pour apologie du terrorisme ont été ouvertes à la suite de signalements à la plateforme Pharos, chargée de détecter les contenus en ligne illicites, a indiqué lundi Gérald Darmanin.
« Les interpellations que nous faisons sont souvent le fait de jeunes personnes, qui ont entre 12 et 16 ans, qui utilisent des mots extrêmement crus », avec une « habitude face à l’hyper violence, notamment inspirée par l’Etat islamique, extrêmement préoccupante », a ajouté le ministre devant la commission des lois de l’Assemblée nationale.
Réaction de l’ancien ministre de l’éducation nationale
« On n’est pas obligé, pour enseigner la liberté d’expression, de montrer des caricatures qui sont à la limite de la pornographie », réagit sur franceinfo Luc Ferry, ancien ministre de l’Éducation. « Si je devais aujourd’hui, dans une classe de terminale, faire un cours sur les caricatures et la liberté d’expression, je partirais éventuellement de Louis-Philippe [le dernier roi de France], transformé en poire, explique l’ancien professeur de philosophie. Ça a fait scandale à l’époque. »
« Je montrerais les caricatures, éventuellement celles de Charlie, mais qui mettent en scène aussi bien Jésus, Moïse et Mahomet. Mais on n’est pas obligé de montrer pour autant des caricatures qui sont à la limite de la pornographie et qui sont quand même ignobles, insiste-t-il. On n’est pas obligé d’insulter les gens pour défendre la liberté d’expression. »