Saharonim, un centre de rétention situé à trois kilomètres de la frontière égyptienne, dans le désert du Néguev, accueille dans des conditions épouvantables plus de 2000 personnes, la plupart d’origine africaine.
« Il n’y a ni climatisation ni chauffage malgré les températures extrêmes de la région. Il est presque impossible de se procurer des draps et l’hygiène est minimale », se souvient Daniel, un ivoirien qui y a passé plusieurs mois.
Retrouvés par la police israélienne après avoir traversé à pied la frontière, les migrants sont conduits dans le centre en attendant un “éventuel” procès ou une improbable libération. La loi stipule en effet que leur détention peut s’étendre sur une « période illimitée » supérieure à trois ans. « Quand il n’y a pas de relations diplomatiques entre Israël et leurs pays, les clandestins restent bloqués à Saharonim» , a déclaré Alusine Swaray, fondateur de l’ONG «African Workers Union in Israel».
Une situation déplorable contre laquelle Alusine Swaray n’est pas le seul à lutter. En mai dernier, Une autre association, «Hotline For Migrant Workers» a obtenu d’Israël qu’être mineur constituait « une raison spéciale » pour être immédiatement libéré.
En juin dernier, 170 immigrants originaires d’Érythrée ont entamé une grève de la faim pour alerter les pouvoirs publics sur leurs conditions de vie précaires.
La Cour suprême du pays a le 16 septembre, déclaré qu’elle mettrait fin à l’incarcération sans procès des clandestins, considérant cette disposition contradictoire avec la nature démocratique d’Israël…
Sans papiers ni argent, les 55 000 immigrés africains de Tel-Aviv passent leurs journées à attendre une éventuelle embauche sur des chantiers, ce qui provoque la colère d’une partie de la population qui se plaint de la montée de la délinquance. Pourtant, un rapport de la police à la Knesset datant de 2010 stipulait clairement que le taux de criminalité était proportionnellement moins important chez les migrants africains que dans le reste de la population israélienne.
Le gouvernement israélien dispose de 90 jours pour mettre en application la décision de la Cour suprême. Les partis d’extrême droite ont d’ores et déjà annoncé leur intention de trouver une solution pour empêcher la libération des détenus de Saharonim.