Lutter contre la haine anti-musulmane devrait être une priorité

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Marine Le Pen, dont le parti "se délecte de l'islamophobie", a obtenu 33 % des voix lors des élections législatives françaises.

L’une des tendances les plus décourageantes de ce siècle ne montre aucun signe de diminution : la haine anti-musulmane continue de se répandre dans une grande partie des sociétés européennes et américaines, ainsi qu’ailleurs, notamment en Inde. Pour les musulmans de ces régions, cette haine, qu’ils soient réellement musulmans ou simplement perçus comme tels, est devenue une réalité quotidienne.

L’extrême droite prospère, particulièrement en Europe. En France, où la population musulmane s’élève à près de 6 millions, le Rassemblement National de Marine Le Pen se délecte de son islamophobie, obtenant 33 % des voix lors du premier tour des élections législatives en juin.

Des figures comme Elon Musk, propriétaire du réseau social X, contribuent à amplifier les messages anti-musulmans. Elon Musk a même écrit un article d’opinion affirmant que l’Alternative pour l’Allemagne, un parti d’extrême droite ouvertement islamophobe, est le seul capable de « sauver » l’Allemagne.

Le réseau de la droite et de l’extrême droite est cimenté par une haine commune, un lien de plus en plus rigide contre tout ce qui touche à l’islam.

Cependant, il serait erroné de supposer que les partis de gauche et du centre sont totalement immunisés contre cette tendance. Loin de là. Leur islamophobie peut être moins affichée, mais elle reste bien présente. L’administration Biden, par exemple, a eu un bilan déplorable en matière d’engagement avec les communautés musulmanes américaines, une des raisons pour lesquelles Kamala Harris a si peu convaincu ces communautés lors des élections de novembre.

L’attaque du marché de Noël de Magdebourg, en Allemagne, le mois dernier, illustre à quel point le débat reste toxique. Avant même que les faits sur l’assaillant ne soient établis, des légions de trolls en ligne avaient déjà déchaîné leur haine. L’agresseur, pourtant, s’est avéré être un ex-musulman connu pour sa rhétorique anti-islamique.

Les musulmans connaissent bien ce schéma : des attaques pour lesquelles ils sont injustement ou collectivement blâmés. Certes, des extrémistes musulmans ont commis des attaques, mais l’extrême droite en a également perpétré. Pourtant, l’attention reste toujours focalisée sur les « extrémistes musulmans » qualifiés de terroristes, tandis que les tueurs d’extrême droite sont considérés comme des cas isolés, malgré les nombreux groupes qu’ils forment.

Mais 2024 sera principalement rappelée par les Arabes et les musulmans pour l’indifférence totale, voire la complicité, face à leurs souffrances. Un génocide israélien à Gaza est réduit à une « situation humanitaire » nécessitant l’entrée de quelques camions supplémentaires. Les Syriens ont passé une année de plus dans l’enfer du régime d’Assad, mais le monde ne s’est réveillé qu’une fois que les Syriens ont réussi à renverser les Assad. Le Soudan et le Yémen restent de simples notes de bas de page dans l’actualité. Certains victimes et réfugiés comptent manifestement moins que d’autres.

Ces conflits ont néanmoins des répercussions internes en matière de cohésion sociale. Après les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, les crimes de haine anti-musulmane ont considérablement augmenté aux États-Unis. Qui pourrait oublier le tragique meurtre à coups de couteau du petit Wadea Al-Fayoume, un garçon américain d’origine palestinienne âgé de six ans ?

Cela ne s’arrête pas là. Le contraste entre la manière dont sont traitées les accusations d’antisémitisme et celles d’islamophobie est effrayant. De nombreuses accusations d’antisémitisme se sont avérées fausses, destinées uniquement à détourner l’attention des critiques légitimes des crimes israéliens. Des entités telles que l’ONU, l’Irlande, l’Espagne, le Pape, la BBC, la Cour pénale internationale et la Cour internationale de justice ont été injustement calomniées. Ces accusations sont souvent fatales pour une carrière. En revanche, l’islamophobie est largement ignorée.

Cela a été particulièrement frappant après les violences à Amsterdam en novembre, avant et après le match de football européen entre le Maccabi Tel Aviv et le club néerlandais AFC Ajax. Les hooligans israéliens criant « mort aux Arabes » ont été largement ignorés ou minimisés, tandis que les émeutes contre les supporters israéliens ont été fortement médiatisées.

Mais tout espoir n’est pas perdu. Les musulmans, ainsi que ceux qui croient en une société pluraliste accueillante pour toutes les confessions, font une réelle différence. Malgré les obstacles, de nombreux musulmans européens progressent dans les élites politiques, bien qu’ils doivent encore faire face à des vagues d’abus et prouver constamment leur appartenance à la culture européenne, souvent au prix de renier une partie de leur identité musulmane.

Le 15 mars est désigné comme la Journée internationale pour combattre l’islamophobie, mais la vérité est que cette lutte ne peut se limiter à un jour par an. Nos sociétés seront plus riches, plus unies et plus productives si les communautés de toutes identités, origines et confessions sont traitées équitablement.

Les gouvernements, les entreprises et la société civile doivent développer des plans à long terme pour lutter contre la haine anti-musulmane, tout comme le racisme anti-Noirs et l’antisémitisme sont abordés. Ces formes de discrimination ne peuvent être ignorées, mais l’islamophobie l’est encore trop souvent. Pire, beaucoup y voient un intérêt à l’attiser plutôt qu’à la combattre.

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