Aïcha est morte étranglée par son mari en octobre 2016, à Montreuil. Il avait ensuite enseveli le corps dans la cave de l’immeuble. Il est jugé à Bobigny jusqu’à jeudi.
Dans la nuit du 30 au 31 octobre 2016, Aïcha Begadi, 35 ans, était découverte ensevelie dans la cave d’un immeuble à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Elle avait été étranglée quelques jours plus tôt par son mari, Gurpreet Singh, 37 ans au moment des faits. Jugé ce mardi et pendant trois jours pour meurtre sur conjoint devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis, il avait reconnu sans difficulté l’avoir étranglée et avait conduit les policiers jusqu’à son corps, rapporte Le Parisien.
La mort a été d’une extrême violence. Le couple venait de se disputer. Ils étaient assis sur le canapé lorsque Gurpreet lui avait saisi le cou par l’arrière et avait serré de toutes ses forces. Le légiste a relevé « une fracture du larynx en deux endroits et des traumatismes cranio-faciaux. Le larynx a été écrasé et la tête a été secouée. L’asphyxie a été particulièrement importante. »
«Tu aurais dû t’arrêter ! Assassin !»
La scène détaillée à l’audience est insoutenable. « Quatre minutes d’étranglement. Tu aurais dû t’arrêter. Assassin ! Tu nous as détruits », lance l’une des tantes à l’accusé qui se tient tête baissée. Ce cri de détresse est relayé par Amine, frère d’Aïcha : « Tu es un monstre », répète-t-il avant que la présidente Mme Catherine Sultan suspende la séance, précise Le Parisien.
L’émotion a explosé dès la toute première heure d’audience. Myriam, la mère d’Aïcha, ses tantes, sa fille Cylia, ne parviennent plus à cacher leur douleur. Pleurs, malaises se succèdent lorsque la présidente ouvre l’album photo du mariage en octobre 2016. Une cérémonie somptueuse au temple sikh de Bobigny où le couple d’une beauté saisissante laisse éclater un bonheur de façade.
«Emprise, séparation, violence»
Pendant cette courte vie commune, Aïcha déposera deux fois plainte. En juin 2016, elle signale des violences conjugales, images à l’appui. Elle déclarera : « Il m’a attaché les pieds et les mains et m’a étranglé à plusieurs reprises ». En exploitant son téléphone, les enquêteurs de la police juidiciaire retrouveront les photos confondantes : « Il y avait clairement des traces de doigts sur son bras et des marques de strangulation ».
Les milliers de SMS envoyés par Aïcha à ses proches ou aux voyants qu’elle consulte égrènent les violences qu’elle n’a cessé de subir. Ces fameux messages riches d’enseignement entraîneront le renvoi du premier procès d’assises, en novembre 2019. « Les scellés n’avaient pas été exploités et ils apportaient un éclairage important sur les relations du couple », a déploré Me Jérôme Karsenti, avocat de la défense.
Dès juin 2016, Aïcha confie que des tensions minent son couple mais aussi l’ambiguïté de leur relation. Elle reproche à son mari de la tromper, de l’avoir épousée pour les papiers (NDLR : Gurpreet est en situation irrégulière depuis son arrivée en France en 2004) et elle évoque déjà le divorce.