Beaucoup de musulmans, ont une véritable aversion pour les chiens. Mais d’où vient cette vive répulsion à l’égard d’une créature créée par Allah ?
Bien sûr l’Islam condamne la maltraitance envers les animaux, cela n’empêche pas certains de considérer le chien comme un être «impur».
Selon le docteur en droit musulman Sami Aldeeb, le chien est mentionné à plusieurs reprises dans le saint Coran. Dans la sourate 7 Al-A’Raf, verset 176, le chien est décrit comme un être nuisible avec une image négative :
Et si Nous avions voulu, Nous l’aurions élevé par ces mêmes enseignements, mais il s’inclina vers la terre et suivit sa propre passion. Il est semblable à un chien qui halète si tu l’attaques, et qui halète aussi si tu le laisses. Tel est l’exemple des gens qui traitent de mensonges Nos signes. Eh bien, raconte le récit. Peut-être réfléchiront-ils!
Dans la Sourate 18, Al-Kahf, le chien apparaît cette fois-ci comme le fidèle compagnon protecteur des hommes de la caverne. Plusieurs hadiths évoque l’animal au sujet des interdits alimentaires.
Abou Hureyra rapporte que le Prophète (salla allah alayhi wa salam) a dit :
Si un chien lape dans votre récipient, sa purification consistera à le laver sept fois ; la première se fera avec de la terre. (Rapporté par Muslim (279-657), Abou Dawoud (71), Ahmed (2/427-9479), (2/508-10544) et (2/481-10201)).
La bienveillance envers les animaux, qu’il s’agisse d’un chien ou d’un autre animal, est récompensée par Allah Exalté soit-Il.
Le hadith de celui qui porta secours au chien haletant met en évidence qu’Allâh accorde une récompense, pardonne les péchés et remercie celui qui sauve un animal. Selon Abû Hurayra, qu’Allâh l’agrée, le Messager d’Allâh (salla allah alayhi wa salam) a dit :
Alors qu’un homme marchait sur une route, voilà qu’il ressentit une grande soif.
Il trouva alors un puits, y descendit et but l’eau du puits.
En remontant, il vit un chien haletant et léchant la terre humide, tellement il avait soif.
L’homme se dit : “Ce chien souffre de la soif autant que j’en souffrais moi-même.»
Il redescendit dans le puits, remplit sa chaussure, la tint avec ses dents et remonta.
Il en abreuva le chien et Allâh loua son acte et lui pardonna ses péchés”.
Ils dirent : “Ô Messager d’Allâh ! Avons-nous une récompense pour nos bonnes actions envers les animaux ?”
Il dit : “(Pour celui qui fait du bien) à toute créature vivante, il y a une récompense”. (Al-Bukhârî dans le chapitre du comportement (6009), Muslim dans le chapitre de la paix (155-2244))
Alors d’où vient l’origine de cette aversion pour le chien ?
L’écrivain Alan Mikhail, auteur de l’ouvrage «L’animal dans l’Egypte ottomane», a soulevé la question sur son blog il y a quelques mois.
Le professeur d’histoire à l’université de Yale s’est demandé pourquoi tant de musulmans détestent les chiens et vont jusqu’à les considérer comme une créature impure et répugnante.
Pourtant différentes sources historiques dépeignent un environnement peuplé par des chiens, jusqu’à la mosquée du Prophète (salla allah alayhi wa salam) à médine, le second site le plus sacré du monde après la Kaaba. D’après ces sources, les chiens faisaient partie du quotidien des habitants de la ville, et pour cause, ils protégeaient les troupeaux et nettoyaient les villes en se nourrissant des déchets. D’ailleurs, les autorités ne voyaient aucun inconvénient à voir les chiens parcourir les rues et à les maintenir propres.
Après les troupeaux, les chiens ont protégé les hommes contre les invasions de rats etc..
Mais les chiens vont perdre leur statut de protecteur lorsque des rumeurs vont faire état d’épidémies et de contagions.
« Il y a environ deux cents ans, des idées reçues sur la contagion ont commencé à émerger
», explique Alan Mikhail. Rendus responsables de ces épidémies à cause de leur alimentation, de fidèle protecteur, le chien se transforme en fléau porteur de maladies graves.
La corrélation entre les déchets, repas des chiens et les maladies ont scellé le sort du chien, devenu persona non grata.
Il est toutefois intéressant de noter que s’il a fait partie de la vie des musulmans, le chien n’a jamais été considéré comme un ami fidèle, comme il l’est aujourd’hui en occident.