Les récentes mesures mises en place par les différents gouvernements européens dans le but de limiter au maximum l’accès à leurs territoires sont surtout destinées, nous le savons, aux personnes de confession musulmane.
Circuler en Europe ou dans tout autre pays non musulman est devenu un vrai parcours de combattant pour toute personne au teint basané, cataloguée d’office comme musulmane. Constamment soupçonné de fomenter un attentat partout où il se rend, le musulman est au centre de tous les intérêts avec toutes les conséquences que cela implique.
De longues heures d’attente aux frontières le temps de vérifier s’il ne s’est pas rendu coupable de l’une ou l’autre attaque terroriste, les fouilles et les mille et une précautions d’usage ont eu raison du dernier relent de liberté.
Abdelkader Hakkou est bien placé pour le savoir après avoir été victime de la suspicion des douaniers belges. Professeur et vice-président de l’Université Mohammed 1er d’Oujda, M. Hakkou est arrivé vendredi à l’aéroport de Charleroi dans le cadre d’une mission de coopération avec l’Université libre de Bruxelles (ULB) sur la gestion durable des palmiers dattiers.
Son cursus universitaire n’a pourtant pas impressionné les douaniers plus affairés à contrôler son passeport marocain et à vérifier si le «basané» avait assez d’argent sur lui pour financer son séjour. Sauf que ce professeur émérite a été invité par le recteur de l’ULB et qu’à ce titre c’est l’administration de l’Université qui a pris en charge ses frais.
Une explication qui ne convainc pas les fonctionnaires qui s’empressent d’incarcérer le professeur dans le centre fermé Steenokkerzeel (région flamande) là où sont détenus les clandestins en situation irrégulière, rapportent les médias belges.
Selon l’Office des étrangers, l’universitaire ne réunirait pas les conditions pour rester dans le pays.
L’université a dû désigner un avocat pour sortir le professeur du centre fermé, après y avoir passé le week-end, Abdelkader Hakkou a été libéré dimanche et ramené à l’aéroport de Charleroi pour être expulsé du territoire.
Pourtant « je me suis déjà rendu cinq à six fois en Belgique avec les mêmes documents sans avoir jamais été refoulé », se défend M. Hakkou.
Le recteur de l’ULB, Yvon Englert dénonce l’excès de zèle dont a été victime l’universitaire: « Nous ne contestons pas que des documents n’étaient peut-être pas comme ils devaient l’être mais cela ne justifiait pas une incarcération et une procédure d’expulsion. Un appel téléphonique aurait permis de donner les renseignements nécessaires », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse organisée à l’aéroport de Charleroi.
Une histoire bien belge que le principal intéressé ne risque pas d’oublier de sitôt.