Tariq Ramadan, déjà mis en examen en France pour des viols sur quatre femmes qu’il conteste, est confronté mercredi à son accusatrice suisse au tribunal judiciaire de Paris en présence du procureur de Genève.
L’intellectuel suisse, interdit par la justice de quitter le territoire français depuis sa sortie de prison, avait été interrogé pour la première fois en juillet dans cette procédure parallèle aux investigations françaises, en présence du magistrat helvète, rapporte 20minutes.
L’audition décalée de quelques heures à cause d’un dégât des eaux
Tariq Ramadan, 58 ans, et la plaignante, une femme de 54 ans, étaient convoqués à 10 heures pour être entendus ensemble par deux juges d’instruction français en présence du procureur suisse.
Mais un important dégât des eaux constaté en début de matinée au 19e étage du nouveau tribunal, inauguré en 2018 à la porte de Clichy, dans le nord-ouest de la capitale, a entraîné l’évacuation des bureaux des juges d’instruction. Finalement, l’audition a pu débuter vers 13 heures, selon les avocats.
Mis en examen depuis février 2018
La plaignante, surnommée «Brigitte» dans les médias, avait déposé plainte pour viol à Genève le 13 avril 2018, deux mois après l’incarcération provisoire de l’islamologue dans le dossier français. Cette femme a rapporté avoir été violée et séquestrée par M. Ramadan lors d’une rencontre dans un hôtel de Genève le 28 octobre 2008.
«C’est une épreuve pour ma cliente d’être confrontée à lui dix ans après les faits, d’autant qu’elle est menacée», a déclaré avant l’audition à l’AFP un de ses avocats, Me François Zimeray, et «fait régulièrement l’objet de menaces», notamment sur les réseaux sociaux.
Il s’agit de la cinquième victime présumée de Tariq Ramadan, contre lequel sept femmes au total ont déposé plainte, en France, en Suisse et aux Etats-Unis. L’instruction genevoise a été ouverte le 7 septembre 2018, suivie d’une demande d’entraide internationale adressée par le parquet genevois aux autorités françaises.
Laquelle a abouti, deux ans après, à une première audition à Paris le 16 juillet par le procureur Adrian Holloway. Puis à la confrontation de ce jour avec la plaignante, dénommée «Brigitte» (prénom d’emprunt).
Depuis février 2018, l’intellectuel musulman est mis en examen en France pour « viol » et « viol sur personne vulnérable » , pour des faits dénoncés par deux plaignantes, Henda Ayari et « Christelle », respectivement en 2012 à Paris et en 2009 à Lyon. Deux nouvelles mises en examen, pour des soupçons de viols sur deux autres femmes, en 2015 et 2016, ont été prononcées en février dernier.