Le pavé dans la mare jeté par Emmanuel Macron lors de son séjour en Algérie a eu l’avantage de mettre à jour l’hypocrisie de certains candidats à la présidentielle 2017.
Déclarer que la colonisation est un crime contre l’humanité est noble, dire que le gouvernement français « devrait présenter des excuses officielles pour les meurtres et exactions commis durant la colonisation » algérienne est courageux.
Une évidence qui semble être partagée par une majorité de français sondés au lendemain des propos du candidat du mouvement «En marche».
Une première manche remportée haut la main par Macron, puisque plus de 50% des personnes interrogées par l’institut IFOP acquiescent au discours prononcé sur la télévision algérienne. Tout comme près de 70% des sondés issus de différents partis de «gauche» ainsi qu’un tiers des sympathisants du Front National.
Une réalité qui a mis du temps à s’imposer, en décembre 2012 François Hollande ouvre la voie lors d’un voyage en Algérie: « Pendant 132 ans, l’Algérie a été soumise à un système profondément injuste et brutal », avait-il alors déclaré. « Ce système a un nom: c’est la colonisation et je reconnais ici les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien », a-t-il ajouté déclenchant une ovation du public.
Si la France reconnaît enfin son passé colonialiste et semble peu à peu prête à en assumer la responsabilité, elle persiste néanmoins à nier l’existence du drame qui se joue actuellement en Palestine.
Les déclarations de Macron concernant le colonialisme français sont louables, mais ce dernier n’en soutient pas moins la colonisation meurtrière qui se déroule dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupée.
Pro-israélien convaincu, Macron est sans nul doute soutenu par le lobby sioniste, il suffit de voir qui figure dans son staff de campagne et d’additionner à cela l’histoire du «costard» qui est en réalité l’affaire du t-shirt pro-palestinien et tout est dit.
Ce coup médiatique lors de son récent séjour algérien a donné matière à réflexion et si une grande majorité de français se range finalement à son avis, il n’en est pas de même pour tout le monde.
Ses deux concurrents dans la bataille présidentielle, Mélenchon et Hamon se sont montrés plutôt dubitatifs quant à une reconnaissance du passé criminel de la France durant la guerre d’indépendance de l’Algérie.
Mélenchon adversaire engagé contre le candidat Macron n’a pas souhaité abonder dans son sens, élections présidentielles obligent. Le candidat de la «France insoumise» a déclaré du bout des lèvres « nous condamnons tous la colonisation », avant de relativiser : « c’est un sujet très douloureux » sur lequel « on ne doit pas dire de bêtises », il vaut mieux le « laisser aux historiens » question langue de bois, Melenchon est très fort.
Malheureusement Benoît Hamon sur qui les espoirs reposaient un peu plus ne s’est pas montré plus convaincant. Préférant ne pas s’impliquer outre mesure, il a qualifié les propos de Macron de « confus et indécis », ajoutant « Je considère que sur cette question, avant de dire que c’est un crime contre l’humanité, il faut dire que l’on en assume les conséquences. Je ne sais pas si Emmanuel Macron les assume mais moi je me refuse à m’aventurer sur ce terrain-là ».
Un discours teinté d’hypocrisie qui n’augure aucun changement substantiel pour l’avenir.