Lorsqu’elle apprend, ce 15 avril, que son fils Tiago est malade, Lina Henriques voit le ciel lui tomber sur la tête. « Suite à des vomissements répétés, nous avons fait une IRM à l’hôpital Necker qui a révélé une tumeur au cervelet, explique Lina. Un mois avant ses 4 ans. »
Cette mère de famille enchaîne les examens aux côtés de sa progéniture. Après une opération, puis deux semaines de chimiothérapie, sa tumeur passe de 13 à 7 millimètres. Mais les cellules malades résistent. Face aux 30 séances de radiothérapie prescrites au petit Tiago, sa mère se demande comment elle va trouver le temps de le soutenir dans cette épreuve.
Heureusement, cette aide-soignante de 44 ans originaire de Claye-Souilly (Seine-et-Marne) peut compter sur le soutien de ses collègues du Centre hospitalier intercommunal de Villeneuve-Saint-Georges, où elle travaille depuis onze ans.
« Je tiens vraiment à remercier tout le monde »
« Quand on a appris la nouvelle il y a trois semaines, on s’est tout de suite réunis, raconte Jean Martin, secrétaire général du syndicat CGT de l’hôpital. J’avais vu que dans l’affaire Maëlys, l’hôpital de Pontarlier (Doubs) avait organisé un don de RTT à sa mère, qui y travaillait. Je me suis dit que l’on pouvait les imiter. Lina a donné son accord, la direction a accepté et ça a tout de suite pris. »
La collecte de dons s’élève jusqu’ici à 151 RTT. « Le dispositif va rester ouvert tout l’été : on devrait atteindre les 200 jours, avance Jean Martin. Toutes les corporations ont donné. Je tiens à saluer la générosité de l’ensemble du personnel. »
Lina n’en attendait « pas autant ». « Je pensais que les dons allaient seulement représenter un mois ou deux de congés, confie-t-elle. Si cela m’arrivait, je serais la première à donner. Je tiens vraiment à remercier tout le monde. »
« Si tout se passe bien, le traitement doit durer un an, explique Lina. Depuis son hospitalisation, c’est un enfant qui n’aime plus être seul. Il me suit partout. Ce qui me pousse d’autant plus à rester avec lui. ». L’aide-soignante profite depuis ce lundi des dons de ses collègues.
Ce que dit la loi…
Depuis juin 2019, la loi encadre le don de RTT dans un cas spécifique : celui du salarié parent d’enfant malade. C’est le cas de Tiago. Un salarié peut donc renoncer à tout ou partie de ses jours de repos non pris au profit d’un collègue.
Pour ce faire, il doit envoyer un e-mail au service des ressources humaines de son entreprise en indiquant son nombre de jours cédés. Ce don anonyme permet au bénéficiaire d’être rémunéré pendant son absence. Le parent doit remplir deux conditions : son enfant doit avoir moins de 20 ans et être atteint d’une maladie, d’un handicap ou avoir été victime d’un accident grave, qui rend indispensables une présence soutenue.
Le don peut porter sur tous les jours de repos non pris, à l’exception des 4 premières semaines de congés payés. Attention : les « donneurs » doivent obtenir l’accord de leur employeur. De son côté, le bénéficiaire doit lui fournir un certificat médical pour attester de la gravité de la maladie et de la nécessité d’une présence soutenue. Toute l’absence du bénéficiaire est considérée comme une période de travail. Elle reste ainsi comptabilisée dans son ancienneté.