France remporte la médaille d’or olympique de l’hypocrisie

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Les spectateurs, vêtus de manteaux de pluie, arrivent dans la zone autour de la rivière Seine, où la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 aura lieu à Paris, en France, le 26 juillet 2024.

Il a fallu des athlètes héroïques de l’équipe olympique algérienne pour jeter un froid sur le spectacle effroyable d’une flottille sur la Seine alors que le président français Emmanuel Macron tentait de se prélasser dans un spectacle de la culture française lorsque Paris a accueilli les plus grands athlètes du monde pour une extravagance sportive.

Ces Jeux Olympiques ont été entachés de controverses dès le début, notamment en raison de la présence de l’équipe israélienne, même si l’État occupant mène un génocide « plausible » à Gaza. Des millions de personnes ont signé des pétitions demandant au Comité International Olympique (CIO) d’interdire Israël, dont les athlètes et les officiels auront presque certainement tous servi dans une armée brutale qui fait l’objet d’une enquête pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Les athlètes russes et biélorusses ont été interdits des Jeux Olympiques de Paris en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et de possibles sabotages russes ont suscité des craintes avant les Jeux de Paris. Beaucoup ont attiré l’attention sur le double standard d’exclure la Russie tout en permettant à Israël de participer.

La seule manifestation de défi face à la pompe française a apparemment eu lieu lors de la cérémonie d’ouverture alors que l’équipe olympique algérienne, brandissant des drapeaux, a descendu la Seine sous une pluie torrentielle tandis que quelque 300 000 personnes bordaient les rives du fleuve pour encourager l’armada. En jetant des roses rouges sang dans le fleuve, les athlètes ont rendu un hommage poignant à la mémoire des courageux militants pour l’indépendance algérienne dont les vies ont été brisées de manière à jamais entacher la soi-disant Ville de l’Amour.

Les Français hautains ont colonisé l’Algérie pendant 132 ans. Ils ont dû négliger par accident ou par dessein un crime qui était encore manifestement dans l’esprit de chaque Algérien qui a participé à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques la semaine dernière, qui était planifiée pour promouvoir les sites emblématiques de la ville : la Tour Eiffel portant les cinq anneaux olympiques, le Louvre et la cathédrale Notre-Dame. Le programme follement ambitieux était la première fois qu’une cérémonie d’ouverture olympique se déroulait en dehors du stade principal, faisant de ce lancement le plus grand jamais organisé pour le « Plus Grand Spectacle sur Terre ». Les planificateurs ont manqué le fait qu’il a eu lieu sur les lieux d’un crime contre l’humanité qui entachera à jamais la capitale française.

Le 17 octobre 1961, le commissaire de police Maurice Papon ordonna à ses officiers d’attaquer une manifestation pacifique de milliers d’Algériens qui marchaient en soutien à l’indépendance de leur pays. Selon des témoins oculaires, la police française tua délibérément des dizaines de manifestants dans les rues et les stations de métro, et jeta certains des blessés dans la Seine pour les noyer. Au moins 120 Algériens furent tués. J’imaginais que l’averse était causée par les nuages pleurant les âmes de ceux qui furent massacrés par la police française, ou même les 400 athlètes palestiniens de Gaza tués par des bombes israéliennes depuis octobre dernier.

Le massacre de 1961 était un crime d’État pour lequel ni Emmanuel Macron ni ses prédécesseurs n’ont jamais présenté d’excuses.

Il a tweeté l’année dernière, lors du 61e anniversaire du massacre : « Ce sont des crimes inexcusables pour la République. La France n’oublie pas les victimes. La vérité est la seule voie vers un avenir commun. » Malgré ses paroles hypocrites, qui n’ont pas encore été suivies d’excuses complètes, Emmanuel Macron voulait que la Seine soit le point central de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques.

Les critiques, soit ignorants du massacre algérien soit indifférents, ont couvert de louanges Thomas Jolly, le réalisateur français de 42 ans qui a créé la cérémonie d’ouverture surréaliste et irrévérencieuse. Ce qui est arrivé aux Algériens à Paris en 1961 lui avait manifestement échappé. Il a déclaré avec condescendance qu’il ne voulait pas seulement des « paillettes éphémères » mais une exploration de ce qui sous-tend « notre humanité partagée ».

Où était « l’humanité partagée » lorsque les femmes et les filles musulmanes ont été interdites par la France de porter le hijab, ce qui les excluait essentiellement de la compétition aux Jeux Olympiques ? De toute évidence, de telles violations des lois internationales sur les droits de l’homme et la discrimination des autorités françaises ont été ignorées par Jolly et tolérées, il faut le dire, par le CIO.

S’il avait vraiment voulu être irrévérencieux, il aurait pu mettre en lumière l’interdiction du hijab et faire référence subliminalement au massacre de Paris de 1961 au lieu de choisir l’option sûre de promouvoir une fausse cohésion et unité dans un monde qui souffre de guerres, de famines provoquées par l’homme et de bouleversements politiques.

Lorsque quatre jets de l’équipe de démonstration de l’armée de l’air française ont dessiné un grand cœur rose dans le ciel de Paris pour mettre en avant la culture, les arts et l’histoire blancs en France, on aurait dit que la marche régulière de l’Occident vers la droite, l’augmentation de la xénophobie et du racisme, de l’islamophobie et des assassinats de dizaines de milliers d’enfants et de femmes palestiniens à Gaza par Israël se déroulaient dans un autre monde.

Il y a eu peu ou pas de leadership de la part du CIO à ce sujet. Le comité s’est avéré trop faible pour défendre les 37 % de femmes musulmanes d’Afrique du Nord qui choisissent de porter le hijab en France, a déclaré Amnesty. Pendant la cérémonie de quatre heures, la devise nationale de la France, Liberté, Égalité, Fraternité, a été vidée de tout son sens en ignorant des athlètes comme la sprinteuse olympique française Sounkamba Sylla, qui a pris la parole sur les réseaux sociaux il y a quelques jours en disant qu’elle ne serait pas autorisée à participer à la cérémonie d’ouverture à cause de son hijab. Elle a choisi de porter une casquette pour contourner les règles racistes, un compromis qui a déconcerté les autorités françaises.

Pendant ce temps, Jolly a briefé les journalistes avec enthousiasme, leur disant qu’il avait choisi la Seine pour son « pouvoir de guérison » des tragédies telles que les attentats terroristes de 2015 à Paris, ainsi que l’incendie de Notre-Dame en 2019. En effet, une partie du spectacle était une routine de danse spectaculaire pré-filmée des ouvriers effectuant des mouvements à haut risque tout en étant suspendus aux échafaudages autour de Notre-Dame.

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