Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a ratifié une nouvelle loi électorale qui adopte un système de liste ouverte pour la première fois dans le pays, a rapporté la poste arabe. Des sources médiatiques estiment que la loi entrera en vigueur lors des élections de juin pour les conseils municipaux et les membres de l’Assemblée populaire.
La différence entre un système de liste ouverte et fermée est que le premier permet à l’électeur de réorganiser les positions des candidats dans la liste en fonction de ses préférences. Ce dernier oblige l’électeur à choisir la liste telle quelle et à accepter l’ordre fixé par le parti.
Selon des responsables du parti et des parlementaires qui ont été jugés dans des affaires de corruption liées aux élections, les premiers postes sur les listes des principaux partis ont été achetés en versant des «pots-de-vin» afin de garantir l’entrée du candidat au parlement ou des postes d’influence dans les municipalités.
Les élections de juin seront les premières depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuel président le 12 décembre 2019. Tebboune a succédé à Abdelaziz Bouteflika, démissionnaire à la suite d’un soulèvement populaire dix mois plus tôt.
Tebboune devrait également publier deux nouveaux décrets, l’un concernant la loi sur la liste ouverte et l’autre pour convoquer l’organe électoral pour de nouvelles élections législatives et locales. Il a déclaré aux médias locaux il y a quelques jours que l’adoption d’un système de liste ouverte mettrait fin à la corruption politique qui avait affecté les élections précédentes.
Les décisions du président interviennent à un moment où le peuple algérien continue de se joindre aux manifestations de masse. Des milliers de citoyens sont descendus dans la rue le 5 mars contre l’élite politique et militaire de plusieurs villes du pays pour le deuxième vendredi consécutif. L’ONU a exprimé son inquiétude face à ce qu’elle a qualifié de répression contre les manifestants.
Les manifestations ont repris dans le cadre du mouvement populaire qui a suspendu ses marches hebdomadaires il y a environ un an en raison de l’éclosion de la pandémie de coronavirus. Le mouvement de protestation exige le départ de l’ancien établissement politique et appelle l’armée à rester à l’écart de la politique.
Malgré une forte présence policière dans les rues, les manifestations se sont poursuivies. Un porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) a déclaré qu’il existe des informations fiables sur des centaines d’arrestations à travers le pays.