Le député Meyer Habib (UDI) avait appelé au boycott touristique de la Tunisie après que le président tunisien Kaïs Saïed ait demandé le lancement d’une enquête sur la participation non-autorisée d’un joueur franco-israélien à un tournoi international de Tennis à Tunis.
Dans une lettre ouverte, qui avait fait grand bruit, intitulée « La bête immonde est partout monsieur Habib », le ministre tunisien du Tourisme avait fustigé l’appel au boycott lancé par son coreligionnaire.
Meyer Habib lui livre, jeudi, une réponse cinglante publiée sur les réseaux sociaux :
“J’ai lu la tribune que vous m’avez adressée. Un mot, un seul, reste introuvable: “Israël”. Vous n’osez l’écrire, vous ne pouvez pas l’écrire sans risquer votre poste. Quel sens peut dès lors avoir le reste de votre propos si vous passez à côté de l’essentiel ? En somme, vous êtes contraint de faire comme si l’Etat d’Israël n’existait pas et je crains que vous serviez de caution, à votre corps défendant, à un gouvernement islamiste, qui a érigé la haine d’Israël en politique d’Etat”, a écrit l’élu dans une réponse publiée sur les réseaux sociaux.
“Monsieur Trabelsi, vous êtes l’un des leaders de la communauté juive de Djerba, sans doute une des plus anciennes et des plus belles au monde. Ce n’est pas à vous que je vais apprendre l’attachement millénaire du peuple juif à la Terre d’Israël, et sa capitale Jérusalem, également appelée Sion. Jour après jour, année après année, son nom est rappelé à chaque fête de Pessah, à chaque mariage, chaque prière quotidienne. Et en même temps ! Vous souhaitez que les Français d’origine judéo-tunisienne continuent de se rendre massivement, comme si de rien n’était, dans votre pays qui boycotte et va jusqu’à nier l’existence de l’Etat d’Israël ? Ce n’est pas possible ! Je ne doute pas que certains continueront à venir mais je peux vous assurer, à la lecture des centaines de messages que je reçois de toutes parts ces derniers jours, que l’attachement à la Tunisie est immense mais pas inconditionnel. La déception est justement à la hauteur de cet attachement viscéral. Le plus surprenant est que les messages émanent de Juifs mais également de Musulmans, inquiets face à la dérive islamiste de leur pays”, a poursuivi le député.
“Peut-être votre tribune vous vaudra la bénédiction de ceux-là mêmes qui exigeaient il y a quelques semaines votre démission pour avoir évoqué la venue de pèlerins israéliens à la Ghriba ! J’aurais eu le mérite au moins de renforcer votre position quelque temps. Mais croyez-moi, ça ne sera pas long : la haine d’Israël qui obsède les dirigeants islamistes tunisiens n’est que le faux nez d’un profond antisémitisme. Vous citez le grand Président Habib Bourguiba, je citerai le Président de la République française : “l’antisionisme, quand il nie l’existence d’Israël, est un antisémitisme”.”, a insisté l’élu.
“Je languis le temps où la Tunisie était synonyme de coexistence pacifique, d’éducation, de tolérance, modèle de droits des femmes dans le monde arabe et de douceur de vivre. Je le rappelais, il y a quelques années encore, en 2005, le Ministre des Affaires étrangères de l’Etat d’Israël Silvan Shalom, natif de Gabès, était accueilli avec fraternité sur le tarmac de Djerba, justement. Il m’avait demandé de l’accompagner. C’était mon premier voyage en Tunisie que ma famille a dû quitter bien avant ma naissance. Jamais je n’oublierai l’émotion qui tous nous a étreints. Mais que reste-t-il de cette dynamique de réconciliation quand votre Président Kaïs Saïed appelle la normalisation avec Israël “haute trahison”. Aveuglé par la haine, obsédé par Israël, il ne trouve rien de mieux que diligenter une “enquête” après la participation d’un jeune sportif franco-israélien de dix-sept ans à un tournoi de tennis….Sans parler des attaques dirigées contre la grande championne de tennis Ons Jabeur. Son crime ? Avoir affronté une Israélienne, qu’elle a chaleureusement saluée après l’avoir battue… C’est lamentable quand dans le même temps des djihadistes tunisiens qui ont massacré, torturé, saccagé, violé en Syrie et en Iraq rentrent par centaines au pays sans être inquiétés …”, a conclu Meyer Habib.