Meyer Habib, qui a critiqué la Tunisie et le président tunisien Kaïs Saïed pour avoir demandé le lancement d’une enquête sur la participation non-autorisée d’un joueur franco-israélien à un tournoi international de Tennis à Tunis, a été au centre d’une polémique, hier dimanche 9 février 2020.
René Trabelsi, ministre juif tunisien du Tourisme, s’est étonné de ces déclarations ajoutant que ce député est connu pour cesser le boycott envers les pays.
Dans une lettre ouverte intitulée « La bête immonde est partout monsieur Habib », le ministre tunisien explique qu’il a réagi à ces propos « non pas par crainte que les appels à boycotter la Tunisie ne soient entendus. Mais pour remettre les choses dans leur cadre qui est malheureusement mis à mal en ces temps de populisme cocardier ».
« Je ne vous réponds donc pas par crainte tant ma confiance est aveugle dans l’attachement inconditionnel de nos coreligionnaires, tunes et autres à la Tunisie et à la Ghriba, cette destination millénaire de pèlerinage qui charrie tous les ans les émotions, les souvenirs mais aussi les espoirs dans des lendemains de paix de nos coreligionnaires.
Cher monsieur Habib, en tant que politicien chevronné, vous devez savoir mieux que moi que les positions politiques ne sont que du conjoncturel… le pérenne, c’est l’amitié entre nos peuples, amitié douloureuse aussi tant foisonnent les malentendus en ces temps durs ou les récits nationaux s’étriquent d’un côté comme de l’autre… le pérenne, c’est ma tunisianité comme la votre et contre laquelle vous vous insurgez, à cœur défendant, je le sais…
Le Droit est une ascèse comme l’a si bien dit Robert Badinter, qui fut un éclairé dénonciateur de tout antisémitisme… Les rapports internationaux qui ne devraient être régis que par ce Droit là, mais qui ne le sont malheureusement pas ou si peu créent ce sentiment d’injustice chez une jeunesse prompte alors à jeter son dévolu sur la première utopie qui lui fait miroiter une dignité, une vengeance ou une reconnaissance.
Ainsi est-il du djihadisme et du terrorisme que vous dénoncez… Le sentiment d’injustice les a nourris mais la misère et la crise économique, que vous utilisez inamicalement pour vous moquer de la Tunisie, n’y sont pas étrangères », a-t-il écrit.
Trabelsi a ajouté qu’appeler à boycotter la Tunisie en tant que destination « serait ajouter à ses malheurs en faisant le lit de l’extrémisme et ignorer le travail titanesque de ses dévoués serviteurs patriotes pour la sortir de l’ornière ».
« La Tunisie ne demande pas l’aumône, comme vous semblez le sous-entendre mais attend un juste retour des choses, dû au travail et à l’abnégation des siens dont je suis, moi, René, le seul ministre juif du monde arabe.
L’année dernière nous avons atteint le chiffre de 9 millions de touristes et nous savons que nous ferons mieux tant notre engagement à nous en sortir est sans faille et tant nous comptons aussi sur nos alliés et amis qui n’ont pas pu toujours nous aider comme on l’escomptait tant les intérêts sont aujourd’hui fluctuants dans un monde qui change irrémédiablement… Certains pays qui mettent l’accent sur les problèmes sécuritaires tunisiens, pour dénigrer la destination touristique, ont bien nourri le djihadisme,par exemple, en Syrie ou au mieux laissé faire pour de frustes et immédiats calculs politiques…
Nous payons en Tunisie , le prix des batailles que les “grands” de ce monde se livrent ..Ceci est injuste mais ceci est… et je ne pense pas qu’il convienne de nous stigmatiser plus que nous ne l’avons indûment été ; La solution ne sera jamais dans l’invective mais dans l’ascèse dans ce qu’elle comporte d’élévation sur les scories du politique, du slogan viscéral et des tristes temps.
Se complaire dans cette fange du circonstanciel, indigne d’un éminent membre du groupe d’amitié tuniso-française tel que vous, ne fera que sustenter la bête immonde car cette bête immonde, que vous ne cessez de décrier, est partout monsieur Habib, partout ou on appelle a la haine, à la vengeance, à la punition collective et à la diabolisation. Vive la Tunisie ! »