Les habitants de Calais pensaient avoir gagné la partie après s’être débarrassés des migrants dont ils ne supportaient plus la présence. La jungle de Calais démantelée avec perte et fracas par les forces de l’ordre serait-elle sur le point de renaître de ses cendres ?
Le Conseil d’Etat vient de contraindre les autorités publiques à un peu plus de compassion envers les réfugiés obligés de vivre dans des conditions inhumaines. Pour ce faire, deux nouveaux centres d’accueil pour migrants vont ouvrir à Calais au grand dam de la population.
Forcés de passer par Calais pour atteindre les côtes britanniques, les réfugiés ne peuvent faire autrement que d’investir les lieux dans l’attente d’une solution. Contraint et forcé, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb l’a annoncé, deux installations seront ouvertes « dans les dix prochains jours ». Une décision qui n’a pas été prise de gaieté de cœur mais suite à la mise en demeure du Conseil d’Etat, la plus haute instance judiciaire administrative du pays.
Les migrants pourront enfin disposer d’eau potable, de toilettes, de douches et l’accès aux centres d’accueil et d’orientation du pays leur sera facilité.
Pourtant, Collomb a tenté l’impossible pour éviter d’appliquer l’ordonnance judiciaire initiée par plusieurs ONG, choquées par le comportement inhumain des autorités envers les migrants.
Pour l’institution du Palais-Royal, les conditions de vie des migrants « révèlent une carence des autorités publiques », qui ont exposé ces personnes à des « traitements inhumains et dégradants », il s’agit selon elle d’un « attentat grave et manifestement illégal contre une liberté fondamentale » qui suppose la mise en place de « dispositifs d’accès à l’eau permettant aux migrants de boire, de se laver et de laver leurs vêtements, et de disposer de toilettes et de douches ».
Gérard Collomb estime que cette décision risque de replonger Calais dans la crise de 2015 où les migrants étaient au nombre de 500 pour s’achever en octobre 2016 avec plus de 6.000 migrants expulsés par les autorités. Il a déclaré: « Nous ne voulons pas revivre les mauvaises expériences du passé ».
Natacha Bouchart (Les Républicains) la sénatrice-maire de Calais partage les inquiétudes de M. Collomb, elle estime dans un communiqué que: « la décision de justice du Conseil d’Etat est une injustice pour les habitants de Calais parce qu’elle les replace sous la menace d’une énième jungle. » Ajoutant qu’« en l’absence d’une politique nationale et européenne qui offre une solution globale de contrôle de l’immigration, la ville de Calais ne fera pas cas des ordonnances judiciaires émises. »