Que dit la loi concernant l’islamophobie ?
L’islamophobie n’est pas reprise en tant que telle par le législateur, elle relève des lois régissant la liberté d’expression. En effet, selon la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse « la provocation à la discrimination, la haine ou la violence envers des personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée » peut faire l’objet d’une condamnation.

Certains comme Caroline Fourest ou l’ancien premier ministre Manuel Valls se retranchent derrière le prétexte qu’ils privilégient l’expression «racisme antimusulman» à celle d’ «islamophobie» qui serait selon eux un concept utilisé par les adeptes d’un Islam fondamentaliste afin d’empêcher toute critique de la religion.
Pourtant, ces derniers n’hésitent pas à invoquer la notion d’antisémitisme pour le moindre fait divers ou critique envers Israël, mais pour les musulmans il devrait en être autrement.
Malheureusement ce débat semble exciter les passions au-delà des frontières françaises.
Après l’attentat terroriste perpétré le 29 janvier 2017 dans un Centre culturel islamique du Québec par Alexandre Bissonnette, une motion a été introduite à la Chambre des communes au Canada, visant à dénoncer l’islamophobie et toutes les formes de racisme et de discrimination religieuses systémiques.

Une demande légitime qui démontre qu’en matière de terrorisme, les extrémistes frappent aveuglément sans aucune distinction.
Mais voilà, le Parti conservateur canadien ne l’entend pas de cette oreille, l’emploi du terme islamophobie le gêne au plus haut point.
Le texte initiée par la députée Iqra Khalid a le soutien inconditionnel du gouvernement libéral de Justin Trudeau. Si les deux partis libéraux et conservateurs s’accordent sur le fond, les conservateurs coincent sur la forme et tiquent sur le terme «islamophobie» qu’ils proposent de transformer dans une contre-motion par « la discrimination des musulmans, des juifs, des chrétiens, des sikhs, des hindous et des autres communautés religieuses ».
Car les conservateurs craignent en votant la motion initiale de ne plus pouvoir à l’avenir « critiquer l’Islam mais qu’on pourra peut-être critiquer d’autres religions » selon le député PCC de Québec Alan Rayes. Une justification ridicule dont l’enjeu n’échappe pas à la députée libérale Iqra Khalid qui insiste sur l’emploi du terme «islamophobie» dans la mesure où il est déjà compris et défini comme une forme de racisme et de discrimination visant les personnes en raison de leur appartenance réelle ou supposée à l’Islam.

Bien heureusement, le vote de la «contre-motion» n’a pas été suivi, il s’est conclu par 126 voix pour et 165 voix contre.
« Pour nous, le terme d’islamophobie est extrêmement important parce qu’on sait qu’il y a une communauté qui est présentement ciblée », a souligné la ministre du Patrimoine Mélanie Joly après le vote. « La motion conservatrice a beaucoup moins de dents », a-t-elle ajouté. Elle a rappelé à juste titre que les crimes de haine contre les musulmans sont en pleine recrudescence.

Le 24 mars la motion a été adoptée à la majorité à la Chambre des Communes.

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