Le salafisme qui comprend différents courants, prône un retour aux pratiques en vigueur à l’époque du Prophète (sallAllahou ‘alayhi wa salam) et à la rééducation morale de la communauté musulmane. Ses partisans veulent vivre comme les «salafs», les musulmans de la première génération du premier siècle de l’Islam, d’où leur nom de «salafistes».
Le courant serait né vers la fin du XIXe siècle en Egypte et prend sa forme contemporaine dans les années 1920.

Au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, Manuel Valls alors premier ministre avait déclaré :
« Oui, nous avons un ennemi, et il faut le nommer, c’est l’islamisme radical. Et un des éléments de l’islamisme radical, c’est le salafisme ».
Jetés en pâture à une population assoiffée de vengeance, les salafistes ont été du jour au lendemain accusés d’être des terroristes. Les mosquées dites salafistes ont été perquisitionnées, certains imams et fidèles arrêtés, bref de parfaits coupables sur lesquels se faire les dents en attendant de trouver mieux.

Nathalie Kosciusko-Morizet voulait même, après les attentats de Nice « rendre le salafisme illégal ».
Pourtant cette peur inconsidérée du salafisme ne date pas d’hier, elle remonte à plus longtemps.
L’islamologue François Burgat a mis à jour une note des services de renseignements français datant de 1928. Cette missive adressée par le «Service des affaires musulmanes» du ministère des colonies de l’époque au gouverneur général de l’Afrique-Occidentale française (AOF) révèle l’intérêt mais aussi l’inquiétude des autorités françaises au sujet du salafisme.
Les autorités françaises sont notamment préoccupées par l’intérêt que les communistes portent à ce nouveau mouvement et à son instrumentalisation par ces derniers. Elles s’interrogent aussi sur la portée des réformes du salafisme qui privilégient un retour vers les sources et la «pureté de l’islam». Un changement qui risque fort de bouleverser le lien qui les unit aux musulmans de l’époque et surtout le dévouement à leur cause.

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« Demande de renseignements sur les «Salafiyah» en AOF

Depuis quelques années, il se manifeste dans le monde de l’Islam un mouvement de rénovation qui parait devoir retenir notre attention. Ce mouvement intellectuel qualifié de mouvement «Salafi» tend à réaliser, dans l’ordre religieux, des réformes qui doivent ramener les pratiques culturelles à la pureté de l’Islam primitif. Bien qu’il se développe en dehors de l’influence d’Ibn Seoud et des Ulémas de Nedjd, il n’est pas sans rappeler, sur divers points, le wahabisme d’Arabie et a été quelquefois confondu avec lui. Il est déjà très agissant au Maroc, en Algérie et en Tunisie.
Il semble que les agitateurs communistes s’y intéressent comme ils s’intéressent à tout ce qui peut troubler l’ordre établi, exalter les particularismes et réaliser la confusion.
Mais, même s’il n’est pas utilisé par des éléments européens hostiles à notre influence, le mouvement «salafi» n’est pas sans présenter, au point de vue de l’ordre public et du maintien de notre autorité, des dangers sérieux contre lesquels il convient de se prémunir. Son action, ainsi qu’il est de règle dans l’Islam et dans tous les schismes religieux, sortira nécessairement du domaine théologique pour devenir politique.

D’autre part, cette réforme religieuse s’attaque, en fait, à toutes les personnalités religieuses à qui leur attachement à la tradition régnante et aussi leur dévouement à notre cause, ont permis d’occuper une situation de premier plan. Elle est également hostile aux congrégations qui ont une si grande place dans la vie religieuse des Musulmans de l’OAF et dont nous avons pu apprécier le concours. »

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