Reuters rapporte que des milliers de personnes ont défilé à Bagdad ce samedi pour pleurer le commandant militaire iranien Qassem Soleimani, le chef de milice irakien Abu Mahdi al-Muhandis et d’autres personnes tués lors d’une frappe aérienne américaine.
L’attaque de vendredi sur l’aéroport de Bagdad, autorisée par le président américain Donald Trump, a marqué une escalade majeure dans une «guerre fantôme» au Moyen-Orient entre l’Iran et les États-Unis et ses alliés, principalement Israël et l’Arabie saoudite.
L’ambassade des États-Unis à Bagdad a exhorté les citoyens américains à quitter l’Irak après le meurtre de Soleimani. Des dizaines d’employés américains de sociétés pétrolières étrangères ont aussi quitté ce vendredi la ville de Bassorah, dans le sud de l’Irak.
Samedi, un proche allié des États-Unis, la Grande-Bretagne, a averti ses ressortissants d’éviter tout voyage en Irak, en dehors de la région autonome du Kurdistan, et d’éviter tout voyage non essentiel en Iran.
Soleimani, ce général de 62 ans, était le commandant militaire le plus éminent de Téhéran et l’architecte de son influence croissante au Moyen-Orient. Muhandis, quant à lui, était le commandant adjoint de l’organe-cadre des forces paramilitaires irakiennes de mobilisation populaire (PMF).
Les hostilités américano-iraniennes se sont intensifiées en Irak depuis la semaine dernière, lorsque des milices pro-iraniennes ont attaqué l’ambassade des États-Unis à Bagdad à la suite d’un raid aérien meurtrier américain contre la milice Kataib Hezbollah, fondée par Muhandis.
Un haut responsable de l’administration Trump a déclaré que Soleimani avait planifié des attaques imminentes contre le personnel américain à travers tout le Moyen-Orient.
Des personnalités du parti démocrate américain ont critiqué cette action et déclaré que l’ordre du président républicain était imprudent, qu’il n’avait fait qu’augmenter le risque de violence dans une région déjà très dangereuse.
Le corps de Soleimani sera transféré dans la province iranienne du sud-ouest du Khuzestan qui borde l’Irak, puis dimanche dans la ville sainte chiite de Mashhad au nord-est et de là à Téhéran, la capitale, et puis finalement, dans sa ville natale Kerman au sud-est pour l’enterrement.
Le commandant de la milice irakienne Hadi al-Amiri, un allié proche de l’Iran est le meilleur candidat pour succéder à Muhandis, il assistait d’ailleurs à la procession.
La frappe aérienne de vendredi a divisé l’opinion irakienne.
Beaucoup ont condamné l’attaque américaine, considérant Soleimani comme un héros pour son rôle dans la défaite du groupe militant de l’État islamique qui avait occupé de larges pans du nord et du centre de l’Irak en 2014.
La large participation à cette procession prouve que le public condamne l’Amérique et ses alliés pour leurs violations des droits humains tout en prétendant lutter contre le terrorisme. Il faut se venger des meurtriers. Les martyrs ont obtenu le prix qu’ils voulaient- le prix du martyre.
D’autres Irakiens ont d’abord réagi avec joie à cette frappe américaine pour ensuite ne pas tarder à craindre ses retombées, en particulier pour ceux qui ont participé à des mois de manifestations de rue contre le gouvernement de Bagdad soutenu par l’Iran pour des allégations de mauvaise gestion et de corruption.
Ils ont déclaré que Soleimani et Muhandis avaient soutenu l’usage de la force contre des manifestants antigouvernementaux non armés l’an dernier et créé des milices que les manifestants accusent de servir de police au gouvernement.
Les manifestants craignent maintenant qu’ils ne deviennent une cible facile pour les représailles des milices chiites qui ont décrit la vague de manifestations antigouvernementales comme un acte de solidarité avec les États-Unis.
Ils sont également en colère contre Washington pour avoir tué les hommes sur le sol irakien, plongeant peut-être l’Irak dans une nouvelle guerre.