Les défenseurs des droits humains se disent « stupéfaits de voir le tapis rouge déroulé »aux pieds du président égyptien à Paris. Ils demandent que la France, à l’occasion de la visite d’Abdel Fattah al-Sissi de dimanche à mardi, « passe des discours aux actes »et conditionne son soutien militaire à l’Égypte à la libération des prisonniers politiques.
Alors que le président égyptien se rend à Paris, à partir du dimanche 6 jusqu’au mardi 8 décembre, une vingtaine d’organisations non gouvernementales appellent à manifester devant l’Assemblée nationale, mardi à 18 h, pour dénoncer « le partenariat stratégique entre la France et l’Égypte au nom de la lutte antiterroriste », comme le rapporte France24.
Mais la priorité pour la France reste le renforcement du “partenariat stratégique” avec le pays le plus peuplé du monde arabe, considéré comme un “pôle de stabilité” dans une région “qui reste volatile”, soulignait toutefois l’Élysée, juste avant l’arrivée Abdel Fattah al-Sissi à Paris.
« On est stupéfait que la France déroule le tapis rouge à un dictateur alors qu’il y a plus de 60 000 détenus d’opinion aujourd’hui en Égypte », a déclaré à l’AFP Antoine Madelin, un des responsables de la FIDH (Fédération internationale des droits humains), une des organisatrices de la manifestation.
Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian s’est entretenu à Paris avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Aucune déclaration officielle n’a été faite concernant l’entretien.
#Egypte | Arrivée du président ?? @AlsisiOfficial au ministère ?? de l’Europe et des affaires étrangères @JY_LeDrian pic.twitter.com/S85HvSPxyJ
— France Diplomatie?? (@francediplo) December 6, 2020
Al-Sissi a rencontré dans la journée le président français Emmanuel Macron au palais de l’Elysée. L’entretien portait sur les relations bilatérales mais aussi sur la Libye, la Méditerranée orientale, le Liban, l’Irak, l’Iran et la Turquie.
L’opposition fustige cette visite
De tels honneurs bien malvenus pour les ONG qui fustigent, dans leur appel, un pouvoir égyptien qui “se sert abusivement de la législation antiterroriste pour éradiquer le travail légitime en faveur des droits humains et supprimer toute dissidence pacifique”, précise le Huffington Post.
Des critiques que plusieurs partis politiques reprennent en chœur. “Depuis que le général égyptien Abdel Fattah al-Sissi a pris le pouvoir en 2013, il s’est lancé dans une répression croissante contre l’opposition politique au sens large et la société civile”, relève Europe-Écologie les Verts dans un communiqué publié vendredi 4 décembre, appelant Emmanuel Macron ”à cesser toute forme de coopération militaire et sécuritaire ainsi que la vente d’armes et les contrats de maintenance et de formation qui les accompagnent.”
Même chose au parti communiste pour qui “la France a tout à perdre et se discrédite dans le soutien inconditionnel qu’elle apporte au tyran égyptien”, alors que, selon les ONG défenseurs des droits, Paris devance désormais les États-Unis pour les ventes d’armes à l’Égypte avec 1,4 milliard d’euros en 2017.