France : les musulmans craignent un « apartheid » islamophobe après la victoire de l’extrême droite

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Marine Le Pen, la dirigeante de l'extrême droite française, réagit sur scène après les résultats partiels des élections législatives à Hénin-Beaumont, le 30 juin.

Des centaines de citoyens français se sont rassemblés à Paris dimanche soir pour protester contre le Rassemblement National (RN), le parti qui a remporté la plus grande part des voix au premier tour des élections législatives du pays plus tôt dans la journée.

Le RN, dirigé par Jordan Bardella, 28 ans, et la vétéran ultra conservatrice Marine Le Pen, a mené une campagne avec une politique anti-immigration, critiquée et jugée discriminatoire et islamophobe.

Malgré ces critiques virulentes, le Rassemblement National a obtenu 33,14 % des voix, suivi du Nouveau Front Populaire, une alliance de partis de gauche, avec 27,9 %. L’alliance centriste du président Emmanuel Macron est arrivée troisième, avec 20,7 %.

Le pays fera face à un second tour de scrutin dimanche pour attribuer les sièges où il n’y a pas eu de vainqueur clair.

Avant les élections, des personnalités de la société française, mais particulièrement les musulmans et les personnes issues de l’immigration, ont exprimé des préoccupations quant à l’avenir. Avec les succès du RN, ces préoccupations n’ont fait que s’accentuer.

Il est possible que le RN puisse former un gouvernement majoritaire seul après le second tour et poursuivre sa politique de « préférence nationale » le concept de prioriser les communautés françaises non-migrantes.

À Paris, les musulmans faisaient partie de ceux qui protestaient contre les gains du Rassemblement National après les élections.

« De ce que je sais, si le Rassemblement National arrive au pouvoir, de nombreux projets de loi islamophobes seront adoptés », a déclaré Zayneb, une étudiante.

Faisant référence aux propositions de Le Pen pour interdire les hijabs dans les espaces publics, Zayneb craignait qu’une victoire du Rassemblement National rende la vie « très difficile pour les femmes voilées » comme elle.

« Nous sentons que nous sommes ciblées parce que nous sommes voilées », a-t-elle déclaré à Middle East Eye. « Nous avons l’impression de déranger les gens, même si nous vivons notre vie comme tous les autres citoyens. Je suis née en France et je n’aurais jamais pensé que l’Islam deviendrait un tel problème ici. »

Maria, une avocate, a partagé cet avis, rejetant l’espoir que l’interdiction du hijab « serait impossible à cause des mécanismes juridiques que nous avons en France ».

Elle a plutôt pointé les incursions existantes sur les libertés religieuses des musulmans en France comme un signe des choses à venir : « Le voile est déjà interdit dans les écoles, dans certains lieux de travail et le niqab est également interdit dans les espaces publics, donc dans un pays de fascistes, ils pourront faire tout ce qu’ils veulent. »

Maria a imputé la responsabilité des résultats électoraux au virage à droite du gouvernement actuel.

« Je ne suis pas tellement surprise par les résultats, » a-t-elle déclaré à MEE. « Depuis de nombreuses années, nous voyons que [le Rassemblement National] grandit, et que le gouvernement actuel et le président actuel ont tout fait pour aboutir à un tel résultat, car ses propres politiques sont, à mon avis, des politiques d’extrême droite qui ont favorisé l’islamophobie et la xénophobie. »

Plus tôt cette année, Emmanuel Macron a fait face à une rébellion au sein de son parti et à des démissions ministérielles après avoir adopté un projet de loi controversé visant à durcir les mesures d’immigration, avec l’approbation enthousiaste de Le Pen et du Front National.

« La situation est très grave, » a déclaré Maria. « Un apartheid est en train de se créer. »

Omeyma, également étudiante, a exprimé des émotions partagées.

« C’est un pays que nous aimons nous sommes nés ici, et il est très difficile de se dire que malgré le fait d’avoir grandi ici, nous n’avons pas vraiment le choix de rester ici, » a-t-elle dit.

Mais, a-t-elle ajouté, envisager de quitter la France est une réalité pour de nombreux musulmans français aujourd’hui.

« Je pense vraiment à partir, car si le Rassemblement National atteint la majorité, c’est indéniable : nous devrons partir. Nous n’aurons pas beaucoup de choix. Vivre dans un monde où le racisme s’empare de notre société est inacceptable. »

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