Laurent Joly est historien, directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Il a publié une dizaine d’ouvrages sur Vichy, l’extrême droite et l’antisémitisme en France.
« Non seulement Eric Zemmour ment sur l’Histoire, mais il ment même sur sa propre histoire, sur ce qu’il raconte de sa famille ! », affirme l’historien Laurent Joly.
« Le déni que Zemmour a de l’Histoire, commence par sa propre histoire. C’est assez frappant parce que, quand vous l’écoutez, on a l’impression que c’est un fils d’immigré qui s’est intégré par le mérite de ses parents qui ont fait l »effort de s’assimiler. Il faudrait alors que les étrangers fassent comme lui et ses parents ont fait. Or ça repose sur rien ! », annonce l’historien sur le plateau de C à vous.
« Zemmour, sa famille est Française depuis la génération de ses arrières grands-parents. Alors c’est vrai que ses grands-parents ont été dénaturalisés sous Vichy. Mais il a bénéficié au contraire, la famille de Zemmour a bénéficié, on est en 1870. Vous imaginez que la famille Zemmour est Française depuis 1870, sa famille a bénéficié d’un pari de la République sur l’assimilation. Donc il n’y a aucun mérite personnel ! », ajoute Laurent Joly puis de poursuivre.
« Dans l’esprit de Zemmour, qui est quelqu’un de paranoïaque (…) On est vraiment dans une obsession presque identitaire : pour lui, la femme a fondamentalement envie de se laisser conquérir par les musulmans. »
Dans son dernier livre, La Falsification de l’histoire : Eric Zemmour, l’extrême droite, Vichy et les juifs, il montre comment le candidat polémiste construit, dans la plus pure tradition de l’extrême droite française depuis plus d’un siècle, un projet politique de persécution des étrangers et de suspension des libertés, quitte à en passer par une révision mensongère de l’histoire de Vichy, indique Le Monde.
L’existence même d’un livre comme La falsification de l’histoire, le fait même qu’un historien ait le besoin de le publier, montrent combien ce qui a longtemps été pris pour des « provocations », ce qui est encore considéré par certains comme un phénomène passager, est au contraire une réalité du temps présent, que les historiens de l’avenir auront à observer, en espérant qu’ils n’auront pas à en étudier les suites.