Après des années d’intolérance indifférence au sort des Rohingyas, le monde semble soudain découvrir ce qui se trame en Birmanie.
Les sévices perpétrés contre la minorité musulmane sont de plus en plus dénoncés, pendant que l’auréole de la prix Nobel Aung San Suu Kyi se ternie au fil des images d’horreur qui inondent la toile.
Placée sur un piédestal pendant plus de 25 ans par la communauté internationale et adulée par les médias étrangers, la dirigeante birmane tend à perdre de sa superbe aux yeux de tous.
Le documentaire que vient de réaliser Barbet Schroeder contribuera certainement à entacher ce qu’il reste de la réputation de celle qui incarnait aux yeux de certains, une « déesse vivante » pour avoir osé affronter la junte militaire au temps de sa prime jeunesse.
Le documentaire intitulé « Le vénérable W » a été présenté au dernier Festival de Cannes et s’il ne concerne pas directement la prix Nobel, il ne l’en épargne pas moins.
Au moment où la Birmanie est dénoncée de toute part pour son traitement inhumain envers les Rohingyas, le documentaire de Schroeder sonne le glas pour le régime birman.
Le réalisateur suisse nous trace le profil de l’«Hitler birman», le moine Ashin Wirathu connu pour ses sermons islamophobes qui enflamment la Birmanie. Ses prêches connaissent un vif succès auprès des extrémistes birmans.
Drapé dans sa robe grenat, le moine demande à son auditoire : « Vaut-il mieux épouser un clochard ou un musulman? ». « Un clochard! » répond en chœur la centaine d’extrémistes birmans venus l’écouter.
« Et vaut-il mieux se marier avec un chien ou avec un musulman? » hurle-t-il à la foule en liesse alors qu’il connaît déjà la réponse. « Un chien, car, contrairement au musulman, un chien ne vous demandera jamais de changer de religion… », fini-t-il par leur lâcher.
Des discours enflammés qui ont pour objectif d’attiser la haine contre les musulmans qui sont régulièrement la proie du fanatisme nationaliste des adeptes de Wirathu. Les appels répétés aux meurtres de musulmans ont abouti à la situation actuelle, les provocations du moine à l’encontre du gouvernement birman ont poussé Aung San Suu Kyi à se soumettre à la vindicte populaire en couvrant les exactions contre la minorité musulmane de Myanmar.
Le documentaire aura eu au moins pour effet, trois jours après sa diffusion, d’interdire le mouvement du moine fou, Ma Ba Tha (Association pour la protection de la race et de la religion) par le gouvernement Birman.
Une interdiction destinée à endormir la communauté internationale pendant que l’extermination des Rohingyas se poursuit avec la bénédiction du chef du pouvoir civil birman, Aung San Suu Kyi.