Les États-Unis qualifieront la campagne Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), qui vise à isoler Israël pour son traitement des Palestiniens, d’antisémite, a déclaré jeudi le secrétaire d’État Mike Pompeo.
Le secrétaire d’État Mike Pompeo a fait cette annonce alors qu’il se prépare à visiter une colonie israélienne illégale en Cisjordanie.
Appelant le mouvement « un cancer », Pompeo a déclaré que les Etats-Unis « considéreront la campagne mondiale anti-israélienne BDS comme antisémite … Nous voulons nous tenir aux côtés de toutes les autres nations qui reconnaissent le mouvement BDS pour le cancer qu’il est ».
Pompeo a fait ses commentaires lors d’une apparition conjointe avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, alors qu’il se préparait à visiter une colonie israélienne illégale dans une violation controversée du protocole diplomatique.
Netanyahu a interrompu Pompeo, lui disant que son annonce « sonne simplement merveilleuse ».
En réponse, le Comité national palestinien du BDS (BNC) a publié une déclaration disant que l’administration de Donald Trump et Israël avaient permis la suprématie blanche et l’antisémitisme aux États-Unis et dans le monde, « tout en dénigrant simultanément le BDS … comme antisémite ».
« Le BDS a systématiquement et catégoriquement rejeté toutes les formes de racisme, y compris le racisme anti-juif, par principe », indique le communiqué.
Le BDS a déclaré que « l’alliance fanatique » Trump-Netanyahu avait fusionné la critique du « régime d’occupation, de colonisation et d’apartheid d’Israël contre les Palestiniens » avec « le racisme anti-juif … afin de supprimer la défense des droits des Palestiniens en vertu du droit international ».
Pompeo, a également déclaré jeudi qu’il défierait les conventions et visiterait les hauteurs occupées du Golan.
Le plateau du Golan est un territoire syrien qui a été occupé par Israël depuis la guerre du Moyen-Orient de 1967, mais qui a été reconnu unilatéralement comme israélien par les États-Unis l’année dernière.
Les annonces de Pompeo interviennent alors que quatre sénateurs républicains appellent le président américain Donald Trump à permettre que les produits fabriqués dans les colonies israéliennes soient étiquetés comme «fabriqués en Israël».
Il devrait également visiter une cave à Psagot, une colonie israélienne illégale près de Ramallah en Cisjordanie, construite en 1981 sur les terres palestiniennes de Jabal al-Taweel. Pour célébrer sa visite, la cave israélienne a produit une étiquette de vin appelée «Pompeo».
Des centaines de manifestants palestiniens se sont rassemblés mercredi contre la première visite d’un diplomate américain dans une colonie illégale, et l’armée israélienne n’a pas tardé à répondre avec des gaz lacrymogènes et des bombes sonores.
La cave Psagot est l’une des nombreuses dans lesquelles des chrétiens évangéliques américains se portent volontaires pour aider les agriculteurs juifs à récolter leurs vignobles. C’est également l’une des nombreuses entreprises israéliennes qui, à la suite d’une décision du plus haut tribunal de l’Union européenne, doit étiqueter les produits qu’elle vend dans les pays de l’UE comme étant fabriqués dans des colonies.
Avec Trump sur le point de sortir après avoir perdu les élections du 3 novembre face à Joe Biden, on pense que Pompeo prépare une course à la présidence en 2024, et Israël est considéré comme un problème majeur pour la base chrétienne évangélique du parti républicain.
Créé en 2005, le mouvement BDS cherche à exercer une pression financière sur Israël pour remédier à sa violation des droits des Palestiniens, une tactique que le gouvernement israélien a activement cherché à discréditer. Le mouvement est inspiré par la pression internationale exercée sur le régime d’apartheid de l’Afrique du Sud.
Au fil des ans, les autorités israéliennes ont redoublé d’efforts pour lutter contre le BDS, adoptant un certain nombre de lois visant à criminaliser les appels au boycott d’Israël ou des entreprises israéliennes.
La construction de colonies est considérée par beaucoup comme le plus grand obstacle à la paix israélo-palestinienne. De nombreuses autres unités de colonies ont été construites depuis que Trump, un fervent partisan d’Israël, a pris ses fonctions en 2016.
