Israël a présenté le plan de paix controversé des États-Unis au Moyen-Orient comme une offre pour un futur leader palestinien «jeune et pragmatique», affirmant qu’il allait toujours être rejeté par le président Mahmoud Abbas.
Mais les responsables israéliens peuvent être déçus s’ils pensent qu’un successeur d’Abbas se penchera plus favorablement sur les termes profondément controversés du président Donald Trump.
Mardi, Abbas, 84 ans, connu officieusement sous le nom d’Abou Mazen, a critiqué la carte de Trump d’un futur État palestinien sous le nom de «fromage suisse».
«Qui parmi vous accepterait un tel État?», a-t-il demandé au Conseil de sécurité des Nations unies.
L’ambassadeur d’Israël enjoint Abbas à soutenir le plan
« Même si vous avez des critiques sur des éléments spécifiques du plan, vous devez embrasser son esprit, cette nouvelle approche pragmatique pour résoudre le conflit, mais Abbas refuse d’être pragmatique », a déclaré l’ambassadeur d’Israel à l’ONU.
« Il ne sera jamais un partenaire pour la vraie paix. » a-t-il ajouté.
« Ce pourrait être une personne plus jeune avec une approche nouvelle »
Ce plan « n’est pas destiné à Abou Mazen mais à son successeur, dont nous ne connaissons pas l’identité« , relève Uzi Rabi, directeur du centre Moshe Dayan sur le Moyen-Orient. « Il pourrait s’agir d’une personne plus jeune avec une nouvelle approche », dit-il à l’AFP.
Alors que les Palestiniens rejettent ce plan, Washington a exhorté le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à ne pas se précipiter vers l’annexion, craignant qu’il ne puisse enflammer les territoires palestiniens.
Cherchant à rassurer son proche allié à la Maison-Blanche tout en gardant ses électeurs, Benjamin Netanyahou a toutefois indiqué que le plan nécessitait un travail préalable pour « cartographier » les territoires disputés.
Face à un procès pour corruption, Netanyahu se battra pour sa vie politique le 2 mars.
Son principal adversaire, l’ancien chef de l’armée Benny Gantz, a également approuvé le plan de Trump.
Mais le partenaire de Gantz dans l’alliance centriste bleue et blanche, Yair Lapid, a convenu que le plan ne pourrait être accepté par les Palestiniens qu’une fois Abbas parti.
« Nous devrons peut-être attendre l’ère post-Abu Mazen », a déclaré Lapid, pressenti comme possible ministre des Affaires étrangères si Gantz forme le prochain gouvernement.
« Au lieu d’une politique, au lieu de mettre quelque chose de propre sur la table, nous avons un vieil homme grincheux qui crie et maudit tout le temps. Nous disons donc à la génération montante de Palestiniens de lire attentivement ce plan », a déclaré Lapid aux journalistes.
Israel souhaite une «personne plus modérée»
Si les leaders israéliens misent sur une relève palestinienne pour discuter du plan de Trump, ils pourraient être déçus.
Pollster PCPSR a déclaré que lors d’une élection palestinienne, Abbas remporterait 44% des suffrages, contre 49% pour Ismail Haniyeh, chef du mouvement militant Hamas.
Le parti Fatah d’Abbas dirige la Cisjordanie, tandis que le Hamas dirige la bande de Gaza, mais cherche à étendre son emprise sur la Cisjordanie.
L’icône du Fatah, Marwan Barghouti, serait également un concurrent sérieux – bien qu’il soit derrière les barreaux en Israël, purgeant une peine d’emprisonnement à perpétuité pour son rôle dans les attaques anti-israéliennes.
« Les Israéliens qui ont appelé quelqu’un de plus pragmatique qu’Abbas sont délirants », a expliqué à l’AFP Khalil Shikaki, responsable du sondeur PCPSR.
« Il n’y a pas de direction palestinienne qui soit plus pragmatique, plus modérée et plus accommodante qu’Abbas », a-t-il dit.
«Tous les autres dirigeants palestiniens seront beaucoup plus durs.»