Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a jugé dimanche soir « indécente » la piste esquissée ce week-end par le gouvernement et le Medef qui consisterait à « travailler plus » à l’issue de la crise liée à l’épidémie de coronavirus pour redresser l’économie française.
« Ce n’est pas aux travailleurs de payer ensuite »
« C’est totalement indécent. Aujourd’hui, les travailleurs, comme tout le monde, sont en train de payer le coût de cette crise. Ce n’est pas à eux de payer ensuite », a-t-il déclaré sur France 2, évoquant des « slogans qui sont lancés aujourd’hui, des vieilles lunes qui reviennent : ‘il faudra travailler plus’, ‘il faudra de la sueur et des larmes’, etc ».
« Puisqu’on veut parler de la suite, on ferait mieux de parler de protocole de déconfinement, de la façon dont on va déconfiner, y compris dans les entreprises », a-t-il ajouté.
« Travailler plus »
Pour le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, « il faudra bien se poser tôt ou tard la question du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise économique et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire ». La secrétaire d’État à l’Économie, Agnès Pannier-Runacher, a abondé, prévenant qu’il faudrait « probablement travailler plus que nous ne l’avons fait avant » pour « rattraper » la perte d’activité. Laurent Berger a évoqué « une polémique indigne » et une « grosse erreur ».
Fustigé à gauche par le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, qui s’est ému du « cynisme » du Medef, l’appel au « travailler plus » l’a aussi été à droite par Xavier Bertrand (ex-LR), président du Conseil régional des Hauts-de-France. Un salarié qui n’est « pas responsable de tout ça », on lui « dit qu’à la sortie c’est (lui) qui (va) payer la facture ? Mais qu’est-ce qu’on veut, on veut rendre fous les Français? », s’est-il emporté.