Des dispositions énoncées dans une série de décrets près de deux mois après le limogeage du gouvernement par Saied et la suspension du parlement.
Le président tunisien a déclaré qu’il pouvait gouverner par décret et ignorer certaines parties de la constitution alors qu’il se prépare à changer le système politique, suscitant l’opposition immédiate de ses rivaux.
Kais Saied détient le pouvoir presque total depuis le 25 juillet, date à laquelle il a limogé le Premier ministre, suspendu le Parlement et pris le pouvoir exécutif, citant une urgence nationale dans un geste que ses ennemis ont qualifié de coup d’État.
Les dispositions, annoncées mercredi, semblent viser à faire pencher la balance des pouvoirs en faveur de la présidence.
Ils ont fait l’objet d’une série de décrets publiés au Journal officiel.
Saied a subi une pression croissante de la part des principaux acteurs politiques tunisiens et des donateurs occidentaux pour nommer un Premier ministre et expliquer comment il entend surmonter la crise.
La présidence a déclaré que Saied formerait un comité pour modifier le système politique. D’autres parties de la constitution resteraient en vigueur, a-t-il déclaré.
Il a déclaré que les activités du parlement resteraient gelées et que le droit des députés à l’immunité de poursuites serait toujours levé.
Le chef du parti islamiste modéré Ennahdha, le plus grand du parlement profondément fragmenté et membre des coalitions gouvernementales successives, a immédiatement rejeté les annonces de Saied.
Rached Ghannouchi a déclaré à l’agence de presse Reuters que cette annonce signifiait l’annulation de la constitution et qu’Ennahdha, qui avait déjà déclaré l’intervention de Saied le 25 juillet un coup d’État, ne l’accepterait pas.
Ce mois-ci, l’un des conseillers de Saied a déclaré à Reuters qu’il prévoyait de suspendre la constitution et de proposer une nouvelle version via un référendum public, provoquant une réaction du puissant syndicat et des partis politiques.
Saied a nié avoir des aspirations dictatoriales, insiste sur le fait que ses démarches sont constitutionnelles et a promis de défendre les droits des Tunisiens.
Son intervention largement populaire est intervenue après des années de stagnation économique et de paralysie politique, aggravées par une forte augmentation des cas de COVID-19 et une journée de violentes manifestations.