Nabil Karoui, candidat à la présidentielle a été arrêté le 23 août dernier à quelques semaines de la l’élection présidentielle, après avoir été inculpé lui et son frère le 8 juillet dernier pour blanchiment d’argent.
L’affaire remonte à 2017 où l’ONG anticorruption I-Watch a porté plainte contre lui et son frère pour corruption financière et fraude fiscale. Les deux frères sont suspectés d’avoir fait évader des fonds en utilisant des sociétés situées au Luxembourg portant le nom de la chaîne de télévision dont ils sont propriétaires. Dans le cadre de l’enquête anti-corruption, le juge d’instruction du pôle financier et judiciaire avait décidé en juillet de geler les biens et les fonds financiers des deux frères et leur a interdit de quitter le territoire.
Après cette arrestation inopinée, qui met à mal un des favoris de l’élection présidentielle, d’après les sondages, le parti de Nabil Karoui, Au cœur de la Tunisie (Qalb Tounes), n’a pas tardé à réagir et à défendre son candidat :
Nous adressons une accusation directe envers Youssef Chahed et son gang : avoir orchestré cette arrestation
, a déclaré Iyadh Elloumi, un dirigeant du bureau politique de Qalb Tounes, visant le chef actuel du gouvernement.
Lamia Fourati, membre du bureau politique du parti a également pris la parole en évoquant la volonté du gouvernement actuel d’empêcher Nabil Karoui de se présenter aux élections soulignant des pratiques d’harcèlement. Cette dernière a même évoqué l’existence d’une loi qui a été faite sur mesure afin d’empêcher Karoui de se présenter, loi qui n’a pas pu être signée par l’ancien président, décédé entre temps. Elle qualifie ces pratiques de «dictatoriales», et déplore le fait qu’elles mettent à mal le processus démocratique pour lequel la Tunisie œuvre depuis la révolution :
Toute la démarche démocratique de la Tunisie aujourd’hui est en grand danger. Nous nous battions contre la pauvreté […] aujourd’hui notre combat est aussi contre les malversations et pour la démocratie
Outre les membres du parti de Nabil Karoui, d’autres voix tunisiennes se sont élevés pour dénoner la visée de cette arestation à l’instar de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme qui s’est exprimé sur cette arrestation :
[Cette arrestation] suscite beaucoup de doute et porte atteinte à la magistrature puisque elle fait penser à son instrumentalisation politique dans le but d’éliminer des rivaux
Youssef Chahed, quant à lui, n’a pas réagi à ces accusations. L’homme de 43 ans s’était également présenté candidat à l’élection présidentielle et avait décidé de transférer ses pouvoirs de chef du gouvernement au ministre de la Fonction publique Kamel Morjane, ancienne figure du régime dictatorial de Ben Ali.