Amina El Krimi, jeune marocaine de 32 ans fait partie des 300 premières femmes à accéder à la profession d’Adoul. Ce métier, longtemps réservé exclusivement aux hommes uniquement, s’est ouvert aux femmes aussi depuis janvier 2018 suite à la décision du roi Mohammed VI du Maroc d’élargir la profession à un nouveau profil de candidatures.
Cette nouvelle mesure s’intègre dans la promotion de l’Islam modéré que défend le roi marocain à travers l’Afrique et le reste du monde.
Cette décision a révolutionné le métier d’Adoul et désormais on peut compter environ 38% de femmes parmi les 800 admis pour la profession de notaire dans le droit islamique.
Amina El Krimi, originaire de Fès, est diplômé d’une licence en physique option nucléaire et poursuit actuellement son master de justice de la famille. Elle a été classée la première au concours d’Adoul et déclare que pour elle, « C’était un défi de passer un concours étatique ».
La jeune femme n’avait jamais pensé à devenir Adoul mais pour elle, travailler dans le domaine de la justice était devenu une évidence et ce dès qu’elle a intégré la faculté de droit islamique.
Cette ouverture du secteur a déplu aux conservateurs de la société marocaine et Amina El Krimi en a pleinement conscience. Elle dit :
La grande partie de la société accepte l’idée. Mais le mariage et le divorce sont des domaines sensibles, où notre témoignage dérange.
Younes El Zahri, directeur de formation des attachés de justice et des magistrats explique la situation comme suit :
« Pour qu’un acte de mariage soit valide, le Coran précise qu’il faut deux témoins. Certains maintiennent que seuls les hommes peuvent assurer ce rôle puisque leur témoignage vaut celui de deux femmes. D’autres, au contraire, disent qu’il y a une différence entre le témoignage et le fait de rédiger un contrat… Les femmes peuvent donc écrire les actes. »
Bouchaib Fadlaoui de l’Instance Nationale d’Adouls rapporte que plusieurs changements sont à venir dans le domaine comme par exemple la possibilité pour les femmes puissent travailler dans les mêmes champs d’actions que leurs collègues hommes.
Depuis l’élargissement de la profession, le nombre d’étudiants a augmenté de quatre fois comparé aux années précédentes. Des discussions sont actuellement en cours pour déterminer combien de centres régionaux seront créés à travers le royaume marocain pour pouvoir accueillir tous les étudiants.
En attendant, Amina El Krimi continue son master en justice de la famille et espère pouvoir pousser jusqu’au doctorat, en parallèle avec son apprentissage du métier d’Adoul.