Dans un billet un chroniqueur du journal saoudien de langue arabe Al-Ryadh, Issam Amane Allah Boukhari, répond aux questions des internautes invoquant la course au modernisme de la dynastie régnante saoudienne et du modernisme grandissant associé aux nouvelles technologies qui apparaissent dans les lieux saints et ils se demandent à chaque nouvelle avancée » mais jusqu’où ira t- on ? ou : « Comment sera le hadj en l’an 1500 de l’hégire ? », soit en 2080.
Tout en restant neutre et sans esprit de dérision affiché l’auteur, ingénieur de formation, leur a offert une vision prospective de ce que pourrait être le pèlerinage à La Mecque dans 65 ans « avec la permission d’Allah », compte tenu des progrès technologiques prévisibles. En matière de science-fiction, ses anticipations, qui n’ont rien à envier à celles de Jules Verne, lui ont valu remerciements , félicitations et bénédictions de la part des internautes.
Il expose très sérieusement quatre solutions susceptibles d’épargner du temps, de l’argent, des encombrements et de tragiques bousculades.
[La Mecque, « mère des cités » en islam, a connu un septembre noir : deux catastrophes meurtrières coup sur coup. L’une, le 11 septembre, due à l’effondrement d’une grue sur la grande mosquée s’est soldée par la mort de 109 personnes et plus de 400 blessés ; la suivante, survenue le 24 septembre à la suite d’une bousculade durant le hadj (grand pèlerinage), a fait au moins 769 morts et 934 blessés rapporte le Monde ]
1. Voyager par Hyperloop
Première solution : un Hyperloop qui circulerait jusqu’à 1 200 km/h et dépasserait de loin l’actuel projet de train à grande vitesse entre l’aéroport international de Djeddah et La Mecque. Ainsi les pèlerins, qui aujourd’hui débarquent en masse dans cet aéroport, pourraient arriver par d’autres villes et être transportés jusqu’à la Ville sainte en un temps record. Hyperloop, conçu par Elon Musk, PDG de SpaceX et Tesla Motors en Californie, est un long tube surélevé, à l’intérieur duquel des « capsules » contenant chacune une vingtaine de passagers glissent sur des coussins d’air comprimé, propulsées par un générateur à l’énergie solaire. Un trajet test est à l’étude entre San Francisco et Los Angeles. Il est bien loin le temps où l’illustre voyageur marocain du XIVe siècle, Ibn Battûta, mit près de 18 mois pour parcourir à cheval les 4 800 km entre sa ville de Tanger et La Mecque.
2. Des lentilles de contact connectées et intelligentes
Deuxième solution : des lentilles de contact intelligentes permettant aux pèlerins de voir et d’entendre l’imam faire son prêche sur le mont Arafat lieu où le prophète Muhammad Bénédiction et paix sur Lui a fait son sermon d’adieu aux musulmans tout en bénéficiant de la traduction simultanée pour les non-arabophones. De plus, ces astucieuses petites lentilles fourniraient aux services de secours des informations précieuses sur l’identité du pèlerin malade, son groupe sanguin et même ses antécédents médicaux. Une invention inspirée des idées de Michio Kaku, physicien et futurologue américain d’origine japonaise, professeur au City Collège de New York.
3. Des voitures volantes sans pilote
Troisième solution : des voitures volantes sans pilote, permettant d’effectuer les sept tours rituels autour de la Kaaba .
Selon l’auteur, la firme Toyota aurait, en 2014, financé un programme de recherche sur ce type de véhicule au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et à l’Université de Stanford aux Etats-Unis.
4. Des « pierres intelligentes » pour lapider Satan
Quatrième solution : des « pierres intelligentes » connectées au cerveau du pèlerin qui s’en servirait à la façon de « mini-drones » lors de la cérémonie de la lapidation de Satan (une des étapes du hadj).
Cette innovation serait plus particulièrement destinée aux invalides et aux paralytiques. Le lecteur curieux d’en savoir plus est invité à se renseigner sur le projet « Automating a Brain-Machine Interface System ».
« Certains vont se moquer de ce que j’évoque ici, reconnaît Issam Amane Allah Boukhari. Mais, observe-t-il, si nous avions interrogé les musulmans des premiers siècles de l’islam sur ce que serait le hadj en 2015, personne n’aurait pu imaginer que les pèlerins d’aujourd’hui voyagent en avion et en voiture, que nous utiliserions des haut-parleurs, des éclairages, de la climatisation… ». Après tout, ajoute-t-il, nous voyons déjà des fidèles suivre les prières nocturnes de Ramadan sur leur iPad et d’autres, lors du petit pèlerinage (Omra), effectuer les sept tours autour de la Kaaba en scooter intelligent !
UNE VISION NON FARFELUE …
En 2019 ,pour gérer l’immense flux de fidèles venus faire le pèlerinage, les autorités saoudiennes ont développé le « smart hajj », qui passe par des applications de géolocalisation ou de traduction .
Un défi sécuritaire et logistique relevé avec modernité par les autorités saoudiennes.
L’enjeu : éviter les accidents, comme celui qui s’était produit en 2015 lorsqu’un mouvement de panique avait coûté la vie à plus de 2.300 personnes. Pour les organisateurs, il s’agit de gérer l’ immense flux de pèlerins, avec l’aide des nouvelles technologies. Le « smart hajj » passe ainsi par des applications, disponibles sur smartphone, qui permettent de trouver son chemin, d’obtenir des soins médicaux d’urgence ou de demander des traductions puisque 80 % des pèlerins ne parle pas l’arabe !
Il existe déjà des capsules climatisées dans lesquelles les fidèles peuvent s’allonger ou se reposer pendant quelques heures, à l’abri de la chaleur écrasante .
Alors ingénieur visionnaire ou vision trop futuriste, l’avenir nous le dira et qui vivra verra In sha Allah.