La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a annoncé hier dans une vidéo sur les réseaux sociaux qu’elle faisait l’objet d’une enquête pour avoir autorisé le retour en Libye d’un citoyen libyen recherché par la Cour pénale internationale (CPI). Mme Giorgia Meloni a déclaré que les procureurs l’accusaient de « détournement de fonds et complicité de crime ». Elle a tenté de rejeter la responsabilité sur la CPI, affirmant que la Cour n’avait pas envoyé le mandat d’arrêt au ministère italien de la Justice, ce qui l’aurait poussée à autoriser son départ à bord d’un avion gouvernemental.
Cependant, la CPI a affirmé avoir bien communiqué le mandat aux autorités compétentes en Italie ainsi qu’à cinq autres États européens signataires du Statut de Rome.
L’affaire a éclaté le 19 janvier lorsque la police italienne a arrêté Osama Najim, alias Osama Al-Masri, un haut responsable de la police libyenne, dans un hôtel de Turin. Osama Al-Masri, recherché par la CPI pour viol, torture et crimes contre l’humanité commis dans la prison de Mitiga à Tripoli depuis 2015, venait d’assister à un match de football entre l’AC Milan et la Juventus. Amnesty International a dénoncé sa libération par l’Italie, l’accusant d’« exécutions illégales, disparitions forcées et autres crimes relevant du droit international ». L’ONG Mediterranea Saving Humans a qualifié la décision de Rome de « honteuse ».
Osama Al-Masri dirigeait la police judiciaire de Tripoli, responsable de prisons notoires où des Libyens et des migrants étrangers sont détenus et maltraités. La CPI aurait réagi à de nombreuses plaintes de victimes et d’ONG. Avant son arrestation en Italie, il aurait voyagé dans d’autres pays européens, notamment en Grèce et en Suisse.
Depuis son arrivée au pouvoir, Giorgia Meloni a intensifié sa lutte contre l’immigration clandestine en coopération avec la Libye et la Tunisie, encourageant ces pays à empêcher les départs de migrants vers l’Europe. L’Italie a financé et formé les garde-côtes libyens, malgré les accusations d’abus contre les migrants interceptés et renvoyés en Libye.
L’affaire Osama Al-Masri illustre comment la question migratoire est cruciale pour l’extrême droite italienne. Giorgia Meloni et son allié Matteo Salvini, acquitté en décembre 2024 après avoir refusé en 2019 l’accostage d’un navire transportant 147 migrants, ont fait campagne sur des promesses anti-immigration et cherchent à les tenir. L’Italie a signé un accord controversé avec l’Albanie en 2023 pour y envoyer les migrants interceptés en mer, évitant ainsi leur arrivée sur le sol italien.
Cet épisode révèle également que l’Italie, berceau de la CPI, n’hésite pas à bafouer le droit international sur son propre territoire. Pour la Libye, la libération d’Osama Al-Masri par l’Italie et son accueil en héros à Tripoli renforcent la culture de l’impunité des milices armées.