Plusieurs spécialistes, ingénieurs et statisticiens proposent leurs représentations graphiques. Notamment pour bien montrer que l’expansion de l’épidémie, sans mesures prises pour la contenir, est exponentielle. Le Français Tomas Pueyo Brochard, diplômé à Stanford, et installé aujourd’hui dans la Silicon Valley, explique la situation de manière très claire dans une tribune postée sur le site Medium.
Ce diagramme (à priori fourni) concerne la situation dans la province chinoise du Hubei, épicentre de l’épidémie. On y voit deux types de chiffres. D’une part, en orange sur la droite, et en fonction du temps, le nombre des cas quotidiens de nouvelles infections au Sars-CoV-2 officiellement diagnostiqués par les autorités, et annoncés comme tels. D’autre part, en gris, le nombre de cas réels: des cas qui n’étaient en réalité pas connus en détails lors des premiers tests de diagnostic effectués, mais que les autorités ont pu estimer en demandant aux patients diagnostiqués à quand remontaient leurs premiers symptômes explique Heidi News.
Qu’en déduire, rétrospectivement? Notamment que lorsque les premiers diagnostics officiels ont été posés (la première barre verticale orange), il y avait déjà des quantités de cas réels en circulation: ils correspondent à la somme de toutes les barres de chiffre grises pour tous les jours précédents! Ainsi, Tomas Pueyo calcule que, lorsque la Chine annonçait 444 cas le 22 janvier dernier, elle en avait déjà en réalité probablement environ 12’000!
La France
Selon lui, les mêmes mathématiques peuvent s’appliquer partout dans le monde où des patients sont diagnostiqués. Ainsi, le nombre de cas réels au sein de la population pourrait être d’un facteur au moins 10 à 100 plus important, en France notamment.
La France revendique aujourd’hui 1 400 cas et 30 décès. En utilisant les deux méthodes ci-dessus, vous pouvez avoir une gamme de cas: entre 24 000 et 140 000.
Le nombre réel de cas de coronavirus en France aujourd’hui devrait se situer entre 24 000 et 140 000.
Le nombre de cas réels en France est susceptible d’être compris entre un et deux ordres de grandeur ou plus que ce qui est officiellement annoncé.
Parmi les mesures à prendre, Tomas Pueyo répertorie, en plus de celles citées ci-dessus:
- Fermeture des villes (comme en Italie du Nord).
- Justifications à donner pour se mouvoir dans ces villes.
- Fermeture des stations de ski, des piscines, des stades, etc.
- Restrictions des visites en hôpitaux et EMS.
- Encouragement du télétravail, et des téléconférences.
Le coût de l’attente. Tomas Pueyo, en appliquant à nouveau ses modèles théoriques à l’évaluation du futur de l’épidémie, estime démontrer à quel point «chaque jour compte». En prenant un exemple fictif ressemblant à ce qui s’est passé dans la province de Hubei, il assure que si les autorités avaient ordonné les mesures de confinement un jour plus tôt, il aurait pu dénombrer 40% de cas de contamination en moins (et donc certainement aussi moins de décès – certes peut-être pas avec le même pourcentage de réduction, mais tout de même).
Et Tomas Pueyo de conclure:
«Lorsque l’on repousse la décision d’un seul jour, cela ne contribue pas qu’à quelques cas de contamination en plus, peut-être. S’ajoutent probablement des dizaines ou des milliers de cas dans la communauté. Chaque jour sans introduction d’une distanciation sociale [entre personnes], le nombre de ces cas croît exponentiellement. [… Les décideurs] doivent comprendre cela pour éviter une catastrophe. Le moment d’agir, c’est maintenant.»