Pour Sandrine Fournier, directrice du service des programmes France de Sidaction, la sensibilisation des 15-24 ans réside dans la mise en place de programmes mieux adaptés à l’école.

Le nombre de cas de sida ne baisse plus depuis plusieurs années.

Selon les derniers chiffres de l’agence Santé publique France, 6 155 personnes ont été diagnostiquées séropositives dans le pays en 2018.

Le nombre de nouvelles infections chez les jeunes (15-24 ans) a, lui, bondi de façon inquiétante de 24 % depuis 2007.

De plus, 23 % des jeunes s’estiment aujourd’hui mal informés sur le VIH-sida, selon un sondage dévoilé en avril par l’association

De prime abord, quand on regarde ces chiffres, on pourrait se dire que, finalement, moins d’un quart des jeunes qui se disent « mal informés », ce n’est pas dramatique. Mais le plus inquiétant réside dans les réponses, souvent erronées, des quelque trois quarts de jeunes qui se déclarent « bien informés ». Par exemple, seule la moitié sait qu’un séropositif sous traitement efficace ne transmet pas le virus.

Les jeunes aujourd’hui sont moins bien informés que les générations précédentes au même âge.

Une étude réalisée, en 2010, avec l’Observatoire régional de santé d’Ile-de-France, le démontre.

Il y a vingt ou trente ans, le VIH était un enjeu majeur : c’était une question de vie ou de mort. L’urgence n’étant pas la même, naturellement la perception que l’on a du virus et de ses risques évolue. On peut se réjouir qu’aujourd’hui le VIH ne soit plus directement associé à la mort, mais cela a un impact direct sur l’intérêt que l’on y porte. Pour les jeunes, le sida, c’est une maladie de vieux, donc ils ne se sentent pas vraiment concernés.

La vision de la maladie est devenue très paradoxale. Elle s’est banalisée.

Les médecins le disent, le diagnostic de séropositivité s’apparente à une annonce de mort sociale. Beaucoup de séropositifs vivent encore aujourd’hui dans un isolement total.

Des dispositifs ont été mis en place pour sensibiliser les 15-24 ans au VIH, mais dans la pratique leur mise en place est très inégale. Ces séances dépendent in fine du bon vouloir du chef d’établissement et des parents d’élèves.

L’enseignant n’est d’ailleurs pas nécessairement la personne la mieux placée pour conduire un échange sur une thématique qui relève de l’intimité.

En France, l’âge moyen du premier rapport est 17 ans, or, c’est en amont qu’il faut avoir développé les compétences nécessaires pour se préserver et savoir se protéger.

L’un des freins pour se faire tester, c’est la peur. Mais si l’on est diagnostiqué tôt et pris en charge rapidement, on a une espérance de vie équivalente à celle de la population générale. Et surtout, on ne transmet plus le VIH.

Pour s’adresser aux jeunes, il faut cibler les canaux qu’ils utilisent, notamment sur Internet, et créer un espace de dialogue avec un langage adapté et des codes partagés.

«L’enquête a été réalisée auprès de 1 002 jeunes de 15-24 ans, suivant la méthode des quotas.»

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